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il y a 6 ans
Les confidences érotiques d’une jeune femme découvrant le plaisir du bondage et des contraintes.
J m'a demandé d'écrire de telle manière que les gens aient très envie de lire. Pour l'effet dramatique, j'aurais dû en rester à mon « Oui », mais la soirée d'hier n'était pas achevée. Et puis j'ai tout le temps de conter la suite : il ne rentrera pas du travail de sitôt, et je n'ai pas encore à m'apprêter pour lui.
Quand il est parti ce matin il a emporté mes clés de voiture ainsi que les valises avec tous mes vêtements. Je n'ai plus que deux tenues à porter : celle en mousseline transparente (vous la connaissez déjà, c'est celle d'hier soir) et une autre en Lycra qu'il m'avait demandé de confectionner pendant sa visite à Chicago. Elles ne tiennent pas chaud et ne sont pas du tout pratiques, ni même confortables, et nous sommes fin février. Il fait chaud ici (par rapport à Chicago), mais pas tant que ça. Il m'a laissé mes chaussures et mes bottes, mon pardessus doublé de mouton (Dieu merci ! je le porte en ce moment-même avec rien d'autre, alors que j'écris), mes affaires de toilette et quelques livres que j'avais emporté. La télévision ne sert pas à grand-chose : la maison est si paumée qu'il n'y a même pas le câble. Je ne peux pas démarrer ma voiture, alors même si j'avais eu de quoi me vêtir, je suppose donc qu'il ne me reste plus qu'à lire... et à écrire. J'irai peut-être faire un peu de jardinage, dès que j'aurais remis les pieds sur terre. Il y a quatre hectares de terrain partiellement boisé où on peut faire pousser des trucs, et j'ai envie d'avoir mon petit jardin à moi depuis que j'ai déménagé de Chicago. Ma mère avait le sien, chez nous dans l'Indiana.
Ça me fait un sacré changement. Il y a seulement quelques jours, je passais une dernière nuit dans mon vieux studio, dormant sur un matelas posé à même le sol après avoir revendu toutes mes affaires ; et maintenant je suis nue sous le manteau, assise devant un PC en train de me poser des questions sur la meilleure saison pour planter tel ou tel légume. En un sens, la vie est une bizarre usine à gaz. Mieux vaut ne pas s'attarder sur ses incongruités. J'ai ri à cette idée hier soir, mais j'ai appris ma première leçon par la manière forte.
Hier soir, après avoir accepté d'essayer ça (par ça j'entend Tout Ça Et le Reste, pas juste l'écriture), j'ai ressenti un mélange bizarre de soulagement de m'être décidée, d'appréhension quant à la suite, d'excitation sexuelle, - bien sûr - (pourquoi je dis bien sûr ?) et en même temps une espèce de sérénité : un sentiment de liberté découlant de n'avoir pas à me préoccuper de la suite. Vous n'auriez jamais pensé qu'appréhension et sérénité puissent coexister, pas vrai ? C'est comme si j'avais été hors de moi-même, me voyant inquiète à propos du futur et pensant en même temps : l'appréhension, passe, je peux me couler dans l'expérience ; en un sens ça ne me dérange pas d'appréhender : je plane au dessus de tout ça. Vous voyez ce que je veux dire ? En me relisant, je me rends bien compte que vous pourriez penser qu'il est parfaitement absurde de se trouver dans un état d'appréhension nerveuse complètement détendu, mais j'eus la sensation bien réelle d'une... libération, je crois bien. Alors que cette sensation est en train de s'évanouir, j'aimerai bien savoir comment faire pour la retrouver ; hier soir elle était vraiment très forte.
Désolée de toute cette introspection. Vous avez probablement envie que je passe au feu de l'action, mais si je m'apprête à devoir écrire tout ça, je vais le faire à ma manière. Mon-truc-à-moi-le-mien. Et puis je sais que si je « raconte comme ça s'est passé » sans la moindre explication, vous ne pourrez jamais comprendre comment une femme du Middle West préalablement conservatrice (dans mes attitudes sociales, mais pas en politique) puisse accepter de faire ce genre de trucs.
Ma tendance grandissante à penser « et m e r d e ! pourquoi pas » m'a fait me plonger dedans le soir où il m'avait rendu visite à Chicago et que j'avais consenti à déménager et de pratiquer la Liste. Cela m'a conduit à passer aux étapes suivantes hier soir, quand je me suis dit « qu'est-ce que ça peut bien foutre ? ça fera du mal à qui si je lui offre ce qu'il désire et que j'enlève mes poils? » Et, plus tard « qu'est-ce que ça peut foutre, j'irai jusqu'au bout de cette histoire et je vivrai mon rôle ; un mois, ça ne fera aucune différence. » Je désirais si fort lui appartenir. Et puis de toute façon j'ai dit « Oui. » Okay ?
À ce mot, j'ai senti qu'il se détendait dans mon dos, et je le savais soulagé par ma réponse. Je me détendis aussi, non d'être soulagée, mais j'aimais à être adossée contre lui et me laisser enfermer dans ses bras.
Il fit courir ses mains sur moi, montant jusqu'aux seins, en m'effleurant les mamelons au travers du coton fin, pour les abaisser entre mes cuisses. Je gémis en appuyant sur sa main, pour lui faire parvenir ce message : je suis prête. Ses caresses se firent insistantes : je me mis à remouiller. Il posa une main devant, entre mes jambes, et l'autre derrière, explorant mes deux moitiés à travers le mince tissu. Mon souffle redevint fou. Je me retournai dans ses bras et je lui demandai : « On peut, maintenant, ... ? » J'étais passée par différents états d'excitation depuis le début de la soirée. Lui aussi, mais il se maîtrisait ; il n'était pas près d'en finir encore.
« Pas encore, » me murmura-t-il, et ça aussi c'était okay. Je planais toujours, il faut dire. Je me laissais porter par le vent et les courants. Mais je me souviens d'avoir eu une lueur d'espoir en réalisant qu'il avait prononcé le mot « maintenant ». Il me caressa encore, cette fois en glissant ses mains sous la ceinture de mon pantalon, sur ma peau lisse comme du satin, abondamment enduite de gel, et plus bas pour m'explorer et m'exciter encore plus.
Quand je fus une fois de plus sur le fil du rasoir, il les retira et me dit, « Déshabille-toi. » Il se rassit dans le fauteuil en me regardant faire. Je restais près du feu, il y faisait chaud; après avoir retrouvé mes esprits, j'ouvris la fermeture-éclair du haut. C'est difficile de le retirer sans tout arracher, vu qu'il est tellement serré et en même temps si fragile. Je dus me contorsionner pour en extraire mes bras tirés en arrière sans le déchirer. Cela fit rebondir mes seins et je sentis la gêne m'envahir à nouveau. Je vis qu'il me regardait, mais il scrutait mes yeux plutôt que mon corps. Il garda ses yeux plantés dans les miens pendant que j'enlevais mes chaussures d'un coup du pied et que je faisais coulisser mon pantalon sous mes hanches. Il est tellement serré aux cuisses qu'il ne tombe pas tout seul. Il a donc fallu que je me baisse, et j'ai dû me pencher en avant pour y parvenir (j'ai peine à croire que j'écris ça !) .
J'ai haussé la tête tout en le dévisageant, sans le lâcher des yeux. Je sentis mes seins pendants entre mes bras en descendant le pantalon jusqu'à mes chevilles, puis en l'ôtant. C'est marrant les trucs du quotidien quand on les appréhende avec une conscience exacerbée. Le sol carrelé était glacé sous mes pieds nus. Malgré le feu, j'étais congelée en me remettant debout. Je me mis à trembler ; ça devait être à cause du froid (mais pas que). J'ai plaqué mes vêtements d'une main tout contre moi, pour essayer de me couvrir et de me réchauffer. Je serrai mes seins de l'autre bras. Mes tétons avaient encore durci, je tremblais de gêne et de froid.
« Lâche les vêtements, » dit-il. Cette fois-ci, je mis volontairement mes bras sur les côtés, m'exposant à découvert. Le froid se fit soudain bien réel. Je frissonnais v i o l emment, mais je m'eff o r ç a is de rester bien droite en conservant mes yeux rivés sur lui. J'avais dépassé le stade de la simple abnégation. Il n'y a rien de tel que l'inconfort physique pour vous y faire parvenir. Je n'étais plus cette tierce personne dans le salon, qui observait en planant deux étrangers interprétant leur scène dans une pièce de théâtre.
J'étais totalement focalisée par l'effort de maîtriser mon corps frémissant. C'était stupide. J'aurais dû laisser tomber et lui dire qu'il faisait trop froid, mais je voyais bien qu'il le savait. J'aurais pu demander ; et probablement n'attendait-il que cela, mais je voulais lui prouver quelque chose - quoi, je l'ignorais - , mais quelque chose... et pour moi cela signifiait de rester là aussi longtemps que je le pourrais. Conne. Conne et bornée. Il souriait légèrement ; ses yeux quittèrent les miens et parcoururent mon corps palpitant. Je crispai les mâchoires pour empêcher mes dents de claquer, sinon elles l'auraient fait. J'avais les poings serrés sur les côtés, les bras et les jambes raides, les abdominaux tendus. Ses yeux s'égarèrent sur mon sexe épilé qui avait la chair de poule : j'étais sûre d'avoir l'air d'un poulet fraîchement plumé. Ils revinrent se poser sur mon visage. J'allais perdre contrôle.
Il se leva soudain, s'avança jusqu'à moi et me souleva, puis me berça dans ses bras. Il me porta dans l'entrée, puis dans sa chambre.
Chaleur adorée ! La chambre me fut un tel soulagement ! Elle me parut presque trop chaude après le salon. Il me posa sur le lit et me dit de me glisser sous les couvertures. Je m'accroupis pour tirer sur la couette ; je tremblais si v i o l emment que je dus m'y reprendre à deux fois pour parvenir à l'empoigner et à m'en recouvrir. Il y avait une couverture chauffante. Dieu, que c'était super !
Alors que je décongelais, je découvris la chambre du regard. Souvenez-vous, jusqu'à présent je n'avais encore vu que le salon et ma chambre, hormis pour quelques coups d'œil furtifs jetés ci et là en traversant les autres pièces. Une salle de bains y était adjointe ; le lit était dans une alcôve, couronné d'une moustiquaire accrochée à la voûte. Il y a un évier dans la chambre, comme si elle avait servi à autre chose avant. Il alluma une bougie et la posa sur une petite étagère, dans l'alcôve. Des peintures inconnues étaient accrochées au murs, des paysages. Il ne les avait pas à Chicago. Il dormait sur un lit à eau, à Chicago, mais là c'était un futon. Un sacré changement. Si ça continue, on va finir par dormir sur des nattes en paille. Il y avait aussi des hauts-parleurs encastrées dans le plafond, mais aucune musique n'en provenait.
Quatre anneaux étaient fixés au plafond, à l'aplomb du lit. Ajoutés récemment, pensai-je. Par terre, il y avait des bouts de plâtre tombés du plafond. Il claqua brutalement et sans raison la lourde et vieille porte en chêne. Il me captivait. Je l'observai depuis mon petit nid douillet ; je flottais à nouveau, détachée, mais attentive. Il amena une chaise au pied du lit, une lourde chaise en chêne ; elle avait l'air de provenir d'un très vieux mobilier de bureau. Puis il vint s'asseoir sur le rebord du lit et me caressa le front de ses mains.
« Comment te sens-tu? Tu es réchauffée ? »
J'opinai de la tête.
« Bien. » Il s'inclina et m'embrassa. Ses mains étaient agréables sous les couvertures. « J'ai une espèce de test pour toi. Mais pas si tu as encore froid. »
« Ça va, » lui dis-je, un tantinet apeurée. « Quel test ? »
« Il faut d'abord que tu t'assoyes dans la chaise. Enfin, la chambre est chaude... je pense que ça devrait aller. »
« D'accord, » dis-je, en contemplant la chaise. Comme je ne bougeai pas, il tira doucement les couvertures jusqu'à ma taille. Je m'assis. La chaise était face à moi au pied du lit. Elle avait l'air bien ordinaire. J'eus très envie de lui demander ce qu'il s'apprêtait à faire, et de quel genre de test il pouvait bien s'agir.
Il me prit la main doucement et se tint debout, m'attendant. Il la tenait par le bout des doigts comme s'il allait me faire un baise-main, et quand je me mis debout à mon tour il me la tint comme si j'étais Cendrillon descendant de son carrosse.
La chaise était banale, mais elle me sembla énorme quand je m'y assis. Mes pieds touchaient à peine le sol. Il me vint à l'esprit qu'elle ressemblait un peu à ces chaises électriques obsolètes des films hollywoodiens, du genre de celles où ils ont exécuté James Cagney plein de fois.
Il s'assit sur le rebord du lit, face à moi, et il me montra un rouleau d'adhésif noir. Du genre scotch d'électricien. Il en déroula une trentaine de centimètres qu'il me posa en travers d'un poignet.
J'en conclus qu'il allait me les attacher aux bras de la chaise. Il ne m'entoura pas les poignets, ceci dit, il laissa le scotch en place et guetta ma réaction. J'étais terrifiée. Je ne pouvais pas m'en empêcher. Même si j'avais totale confiance en lui, nous n'avions jamais rien fait de ce genre auparavant. Je le découvrais sous un aspect totalement nouveau, et je pensais immédiatement à des psychoses cachées et aux serial-killers et à des meurtres rituels avec plein de bougies et à Charles Manson et j'étais à un million de lieues de chez moi et personne ne savait où j'étais, et que j'étais si paumée dans la cambrousse que nul ne pourrait m'entendre crier et qu'on ne retrouverait même pas les morceaux du cadavre.
Je me raidis.
Je ne disais rien, mais je devais avoir l'air aussi paniquée que je l'étais en réalité, car il s'arrêta pour me demander si j'allais toujours bien. Je fis oui de la tête, le regardant droit dans les yeux afin d'en tirer un indice sur ce qu'il pensait vraiment. Jusque là il restait indéchiffrable, mais quelque chose dans mon expression avait dû le toucher car il sembla fondre.
« Tu es sûre que ça va pour toi ? »
Un petit quelque chose dans son expression me ramena à la réalité. Sa préoccupation première concernait mes sentiments.
« Ouais. Pour de bon, » acquiesçai-je, tout en lui jetant un regard de lapin pris au piège. Mon cœur battait à tout rompre. J'avais énormément confiance en lui, mais les conséquences d'une erreur de jugement étaient inimaginablement horribles. La pire chose qui puisse arriver, c'est qu'un être aimé se révèle être quelqu'un de tout différent. C'est ce qui fait de L'Exorciste etInvasion of the Body Snatchers les films les plus épouvantables qui furent jamais tournés.
J'étais m o r t e de trouille. Je l'admets.
Il passa trois tours de ruban autour de mes poignets et du bras de la chaise, puis il le coupa avec son couteau suisse. Les deux poignets. Il se mit derrière moi et se pencha par dessus mon épaule pour m'embrasser l'oreille. Il scotcha mes coudes à l'arrière du bras de la chaise, et le haut de mes bras près des épaules, aux montants du dossier.
Il s'agenouilla à mes pieds et écarta doucement mes jambes. Il s'interrompit à nouveau.
« Ça va ? »
Hochement de tête hésitant.
Il me scotcha les chevilles et les genoux aux pieds et aux coins de la chaise, m'ouvrant et m'exposant. Puis il fit courir une longueur de ruban en travers de ma poitrine et autour du dossier. Il passait pile sur mes tétons et m'aplatissait les seins.
Debout à côté de moi, il se pencha pour m'embrasser et passa ses mains entre mes jambes. Il n'essaya pas de me stimuler, il les posa simplement là. Mes tétons étaient érigés depuis que je m'étais assise. Ils tentaient de poindre sous le ruban. Il fit glisser sa main vers mes seins. Je me cabrai des poignets contre le ruban.
Il s'arrêta et tourna la chaise face à la glace. Je pouvais m'y voir, jambes écartées, exposée. Je fus plutôt heureuse de ce que la bougie n'éclairât que très faiblement. Il vint derrière moi et se pencha par dessus mes épaules. Une main se replaça sur mon sexe, qu'il entreprit de caresser doucement en le sondant, tout en m'embrassant un côté du cou et en me mordillant les oreilles. Ça me fait carrément décoller, les oreilles. À tous les coups. J'étais toujours anxieuse, je l'observai, et puis je me mis à réagir à ses mains et je devins toute mouillée.
Il continua, et je me rendis compte qu'il s'agissait là de son idée de la t o r t u r e . Avec du recul, - et je sais que c'est absurde - mon esprit en conclut qu'il n'était pas Charles Manson. J'étais de plus en plus allumée, et je luttai contre le ruban plutôt sous le coup d'une frustration délicieuse que de la peur, en fin de compte. Il m'entretint sur ce plateau jusqu'à ce que je sois une fois de plus tout au bord du rebord, puis il s'arrêta net. Il me semblait que je ne parviendrais jamais à jouir, bien que je sois extrêmement allumée.
Il coupa le ruban dans mon dos et libéra mes seins. Il l'éplucha tout doucement en se tenant devant moi ; il examinait mon visage de très près, et en tirant sur les deux extrémités du ruban, des élancements de douleur se dirigèrent de concert vers mes tétons. Ma respiration s'accéléra quand ils se rapprochèrent de leur but. Je gémis en fermant les yeux afin de ne pas être gênée par son regard. C'est drôle comment l'esprit fonctionne, parfois.
Il m'embrassa encore. C'est un grand embrasseur. Le mec moyen semble avoir une théorie selon laquelle enfoncer sa langue jusqu'au fond de la gorge lui suffit à prouver qu'il est un amant passionné. Non pas que j'aie quelque chose contre les langues en général, mais elles ne m'impressionnent pas d'emblée. Celle de J oui, par contre. M'impressionne, je veux dire.
« Je crois que tu as réussi ton test, » me dit-il. J'ignore lequel, mais je pense qu'il avait voulu s'assurer que je lui faisais confiance. Depuis ce jour-là je n'ai plus jamais eu peur ; et je me figurai que s'il avait dû me faire quelque chose de pervers, il l'aurait déjà fait.
En tout cas, il sectionna mes liens et me libéra de la chaise. J'étais très échauffée. Mouillante et soulagée. L'excitation sexuelle, l'appréhension et les préliminaires composent un mélange m o r t el. J'admettrais volontiers avoir eu peur, bien que je lui aie accordé plus de confiance que quiconque à me laisser ainsi scotcher sur la chaise, clouée de terreur. Il aurait pu me faire n'importe quoi. J'aimerai pouvoir affirmer que ma foi fut plus forte que ma peur, mais je n'en suis pas sûre. Ma panique avait fondu partiellement à cause de ma réticence à l'offenser de ma défiance. Les gens du Middle West sont les uniques bestioles s'autorisant le recours à l'étiquette pour triompher de leur instinct de conservation.
Il me demanda de me mettre au lit. J'étais toujours très allumée.
Il abaissa la moustiquaire dans l'alcôve ; je songeai nonchalamment : y a pas de moustiques en février. Elle formait un écran transformant l'alcôve en un petit monde tiède et intime, bien à l'abri, très privé, éclairé d'une seule chandelle. Mais alors, ces anneaux... J'en notai quatre de plus aux coins du lit, mais ça n'avait pas la moindre importance. Flotter encore et encore. Il se saisit de quelque chose dans la table de nuit, me le lança et me demanda de le mettre. Je l'examinai. C'était un bandeau.
Soudain j'eus la vision d'un homme coiffé d'une casquette de SS, avec un holster en cuir sous l'aisselle, avec des socquettes noires soutenues par des fixe-chaussettes, et je me mis à rire. Je riais jaune, en fait. J me fixait, impassible, sa chemise à demi-déboutonnée. Sa bouche affichait un tout petit sourire. Ses yeux n'étaient pas de la fête.
Je n'y avais pas pensé à l'époque où nous avions créé la liste, mais j'allais devenir un de Ces Gens-Là. Le comble du ridicule. C'est vrai, comme je disais à J, je fantasme sur être ligotée pour être f o r c é e à parvenir à de fantastiques orgasmes jusqu'à épuisement, et que j'implore grâce, mais en fait je n'avais pas du tout relié mes fantasmes à l'univers grotesque que constitue la Scène Cuir.
Il me demanda ce qui se passait dans ma tête, et je le lui exprimai, tout en réprimant mes gloussements. Il opina pensivement, marqua une pause, puis retira vivement la couette au loin de ma nudité. D'instinct, mes mains se précipitèrent pour me recouvrir, mais je ne pus me contenir d'éclater de rire.
Il s'empara d'une chose inconnue dans la table de chevet. Brusquement il me fit rouler sur le ventre et se mit à califourchon sur mon dos. Il ramena mes bras l'un après l'autre sur les flancs et les immobilisa de ses jambes. En rigolant encore, je gigotai v i o l emment pour tenter de voir ce qu'il faisait. Je ne le pouvais pas. Délicatement, il enroula mes cheveux d'une main et me tira la tête en arrière. Il ne voulait pas de me faire mal, mais il me fallut arquer le cou et me soulever le haut du buste pour soulager la traction de mes cheveux.
« Hé ! Ho ! Qu'... ? » tentai-je de dire. Une chose était enfoncée de f o r c e dans ma bouche à demi-ouverte. Il maintenait cette chose d'une main et tirait légèrement mais fermement sur mes cheveux de l'autre.
« Ouvre ta bouche, » dit-il, « toute grande. »
J'essayai de dire « elle est ouverte, » mais cela n'aboutit qu'à un galimatias grasseyant et la chose s'insinua un peu plus encore en moi. Je ne pouvais ni m'en débarrasser d'une secousse ni l'expulser avec ma langue, et il ne pouvait pas non plus me l'enfoncer plus avant si je ne consentais pas à ouvrir ma bouche en grand. Nous butions sur cette impasse depuis un bon moment, quand je tentai bêtement de dire quelque chose à propos de l'objet... qu'il m'enfonça un peu plus encore. Finalement, en souriant intérieurement, je capitulai et je détendis ma mâchoire autant que possible. Je me décidai à coopérer et à tout faire pour ne pas me marrer. Il pressa l'objet de ses doigts et le poussa doucement, mais suffisamment. Il entra. Il paraissait énorme. Soudain, je n'eus plus à me f o r c e r pour arrêter de rire. Je ne pouvais même plus sourire. Ni même remuer mes lèvres pour donner l'impression de sourire, si je l'avais pu. Je n'avais jamais vu ni même entendu parler de bâillon-boule[1].
Il retira sa main et l'objet me resta en bouche. Je ne parvenais pas à l'ouvrir plus grande ni à le repousser de ma langue, et mes bras étaient toujours maintenus sur les flancs. Il avait un arrière-goût caoutchouteux. Holà ! pensai-je, en commençant à ouvrir les yeux sur ce qui se passait. Je le sentis tendre une courroie derrière ma tête ; il la boucla. Un petit clic, et il s'ôta de moi.
Dès que mes mains furent délivrées, je les portai au visage pour retirer cette chose de ma bouche, mais la courroie l'y maintenait solidement. Dans un début de panique, je les portai à la nuque afin d'ouvrir la boucle, où mes doigts farfouillants découvrirent un cadenas miniature. La courroie ne pouvait pas être passée par dessus tête. Mes mains revinrent à la chose dans ma bouche. Elle ne bougeait pas d'un millimètre. C'était une boule de caoutchouc de la taille d'une balle de squash. La courroie la traversait en son milieu. Que mes mains soient libres ou pas, je ne pouvais pas même la faire remuer. En vain, je tentais de dire quelque chose, je ne sais plus quoi. Il me tourna le dos, écarta les rideaux de la moustiquaire d'un geste et vint dans la chambre. Je me levai et lui courus après et lui empoignai le bras. Je me mis face à lui pour établir un contact oculaire, et tenter le lui dire : « Je ne rirai pas, » mais j'émis seulement un « ah, ah, ah » étouffé. En élevant mon regard sur lui j'essayais de faire parler mes yeux, puisque ma bouche ne le pouvait. Allez ! c'est des blagues, pensai-je. Tu voulais pas vraiment me faire, ça, pas vrai ? Il y a méprise, pas vrai ? Pas vrai ?
« La réponse est non, » me dit-il. « C'est le temps des leçons. » Il quitta la pièce, laissant la porte ouverte. Je restais debout là un moment, déconcertée, sans savoir que faire. Puis je courus à la salle de bains y chercher un rasoir ou des ciseaux afin de sectionner la courroie. En allumant la lumière, je pus me voir dans la glace. Mon visage était grotesque. Ma bouche était maintenue grande ouverte, les lèvres étirées autour de cette chose et mon rouge à lèvres était barbouillé de partout. Avec des yeux exorbités, déments, juste au dessus. Ma chevelure était une cata grave mêlée autour de la courroie. Mes mains tremblantes s'agitaient inutilement autour du bâillon, allant des commissures de ma pauvre bouche à la boucle de la courroie. J'ouvris v i o l emment les portes de l'armoire à pharmacie et je me mis à fouiller dans les tiroirs de la coiffeuse, mais il n'y avait rien dont j'eusse pu me servir pour la sectionner. Il savait qu'il n'y avait rien.
C'est pour ça qu'il m'avait laissée seule. Je courus de la salle de bains jusqu'à la chambre, puis au salon. Il s'était assis dans le fauteuil près de la cheminée, et contemplait le feu. Il ne leva même pas les yeux. Je filai dans ma chambre, où je savais qu'il y avait des ciseaux, dans mes affaires de toilette. La porte de l'entrée était verrouillée. Celle de la cuisine aussi. Je restais simplement debout là, les bras ballants. Je revins vers le salon et je me tins debout sur le seuil. Il était clair que je ne pourrais pas m'en sortir sans son aide. Je devais retrouver mon s a n g -froid. J'allais au bureau et je gribouillais sur une enveloppe : « Enlève-le, s'il te plaît ! » et je la lui tendis. Sans regarder le papier, il me dit : « assied-toi. » Je m'assis.
« Ça te fait vraiment mal ? »
Je réfléchis un instant, puis j'inspirai une longue bouffée d'air tremblotante (par le nez : je pouvais seulement expirer, marmonner et baver autour de cette chose dans ma bouche). « Ah, » dis-je, agitant la tête « non ».
« Est-ce que c'est sur la Liste ? »
« Ah, » acquiesçai-je, essuyant d'un revers de la main la salive qui dégoulinait des côtés de ma bouche sur mes hanches nues. Attachée et bâillonnée, c'était bel et bien sur la Liste.
« Alors penses-y jusqu'à ce que tu saches quoi faire, » dit-il. « T'as pas besoin d'avoir inventé le fil à couper le beurre. » je m'assis sur le sofa, genoux serrés, les mains posées sur mon giron, à nouveau victorienne et guindée, si ce n'était pour... enfin... bon... à peu près tout le reste.
J'étais impuissante. Il m'avait déjà entièrement sous son contrôle, donc il ne pouvait pas désirer cela aussi. Je savais bien que tout avait commencé à cause de ma rigolade au sujet du bâillon. En réalité, il s'était agi d'un rire tout autant nerveux que cocasse. Je réagis souvent aux situations inhabituelles par un fou-rire. Je me suis fourrée pas mal de fois en de bien gênantes situations en pouffant au plus mauvais moment, comme le jour où une connaissance m'avait annoncé que son chien était m o r t et que j'avais pensé qu'il me charriait, et qu'il aimait vraiment son chien. J'avais cru mourir. Je l'ai n'ai pas encore digéré. Je frémis encore parfois de honte en y repensant.
Mais il est injuste de punir quelqu'un pour un simple fou-rire. C'est comme de punir quelqu'un parce qu'il a le hoquet. Bien entendu je ne pouvais pas expliquer ça à J. Je ne pouvais rien expliquer du tout.
Je relevai les yeux sur lui. Il fixait toujours le feu. Il voulait que j'agisse, et non que je cause. Ça sautait aux yeux, même pour une non-inventrice de fil à couper le beurre. J'essuyai encore la salive des côtés de ma bouche. J'avais de nouveau froid, je filai donc vers la chambre pour y chercher la couette. Je l'observai pour voir s'il allait objecter. Il ne leva même pas les yeux. J'étais libre de faire tout ce que je voulais. Enfin, à peu près.
En attrapant la couette, je notai que le tiroir de la table de chevet était ouvert ; c'est de là qu'il avait extrait le bandeau. Il contenait tout un tas de chaînes, de s a n g les et de cadenas. Je m'enroulai dans la couette, et après avoir jeté un œil lugubre à la psyché, je ressortis. Oh Dieu ! j'avais l'air si horrible. Il me lança un bref regard, mais ne pipa mot.
Je me rassis. Ma mâchoire commençait à s'endolorir, et j'avais besoin de m'essuyer le visage. Il n'était pas décidé à me laisser m'en sortir élégamment. Devais-je lui faire des excuses ? N'importe quoi, mais virer ce truc. Je ramassai l'enveloppe qu'il avait jetée par terre et j'y inscrivis : « Je SUIS Désolée. » Il ne la regarda même pas. Je gémis de frustration. Ce qu'il voulait clairement, c'était de l'action. J'avais accepté d'être son esclave, il valait donc mieux que je me comporte comme si j'en étais une. Je m'agenouillai près de son fauteuil et j'attendis. Il me regarda.
« Ah ? » Il fallait qu'il comprenne que ça signifiait « S'il te plaît ? » Il tendit la main et me caressa les cheveux. Il était remarquablement tendre pour quelqu'un qui venait tout juste de m'imposer ça. Salaud. À un moment j'ai cru qu'il allait me l'ôter, mais il se contentait de me caresser les cheveux. Puis il s'arrêta. J'attendis. Ça n'a aucun rapport, mais j'étais en train de me réchauffer.
Enfin j'eus une idée lumineuse : le bandeau. Waaah. Ah ! si je pouvais vous dire mon vrai nom. Il provient d'un vieux vocable sioux qui signifie : « non-inventrice-de-fil-à-couper-le-beurre. »
Je me levai et j'allai à la chambre. Le bandeau était posé sur l'oreiller. Je vis le tiroir ouvert, et j'en sortis quelques machins. Un pêle-mêle de chaînettes et quatre petites s a n g les de cuir avec des boucles et des anneaux. Elles ressemblaient à de petits colliers pour chiens avec une espèce de languette percée pour y passer l'étiquette. Ou un cadenas. Il y avait une foule de petits cadenas, pareils à celui qui - j'en étais certaine -, était apposé sur ma nuque. Ils étaient tous ouverts, mais il n'y avait aucune clé dans le tiroir. Les chaînes n'avaient pas l'air particulièrement solides, mais je supposais qu'elles devaient l'être suffisamment pour résister à la plupart des gens. Plus solides que moi, en tout cas. Il y avait une large s a n g le similaire aux autres. Un collier. Bref, j'étais supposée être esclave. Il me sembla être fort opportun d'agir et de me comporter comme telle maintenant.
Je pris le tiroir de la table et je l'amenai au salon. Je m'agenouillai en le déposant à terre, devant lui. Déjà, il avait cessé de regarder le feu pour m'observer. Je sortis les bidules du tiroir un à un et je les étalai sur le tapis entre nous deux. Il me récompensa d'un tout petit sourire, mais il ne cilla pas.
Je saisis les petites s a n g les, et je m'en passai une autour de chaque poignet. Puis une à chaque cheville, en toute hâte à cause de l'incommodité croissante du bâillon. Je ne le quittai pas des yeux tout en tripatouillant les courroies, l'interrogeant du regard pour savoir si je faisais comme il faut. Je dus m'essuyer la bouche une fois de plus. Puis je m'attachai le collier. Mes mâchoires étaient de plus en plus douloureuses. Je relevai les yeux. À ce stade, j'aurais pu le supplier du fond du cœur, si seulement j'avais pu parler. Il jeta un œil vers le tiroir. Les cadenas. Je les ai passés dans les trous des boucles. J'eus quelques ennuis avec le collier. Je ne pouvais le voir et mes mains tremblaient. Il m'aida.
Je m'accroupis sur les talons, bras croisés, et j'attendis. Il me fit signe de m'approcher. Je vins près de lui, à genoux sur la couette. Il étendit la main et me caressa les cheveux, mais il ne fit rien au bâillon. J'étais désespérée. La douleur s'était muée en véritable souffrance. Je me mis à pleurer, ce qui ne fit qu'accroître ma peine. J'enroulai mes bras autour de ses jambes et, à travers mes s a n g lots je tentai à nouveau de lui dire « S'il te plaît... ? » mais j'étais en pleurs et je tremblais de froid, et mon nez coulait, et ma supplique fusa en un lamento suraigu. Il posa la main à terre, prit le bandeau et me le tendit. De mes mains tremblantes, je le mis en place, parvenue à ma limite absolue.
« Ramasse les chaînes, » me dit-il. À genoux je tâtonnai à l'aveuglette dans le tiroir pour les rassembler au creux de mes mains, couinant, pleurnichant et reniflant encore. Ça me faisait très, très mal. Je ressentais ce que certains toubibs cyniques appellent « un léger désagrément. » Il me souleva, me porta dans la chambre et me posa sur le lit. Les chaînes cliquetèrent et je le sentis m'écarter les jambes, puis relier les bracelets de chevilles aux chaînes. Je ne pouvais penser à rien d'autre qu'à ma pauvre bouche. Après, il enchaîna mon poignet droit.
Enfin, je le sentis manipuler le cadenas du bâillon Puis la boucle. La courroie était desserrée. Je tendis la main pour enlever le bâillon, mais il retint mon poignet gauche et me le tira en arrière ; le relia à la dernière chaîne. Je n'arrivais toujours pas à m'en débarrasser. J'ai poussé un soupir, et je me souviens avoir pensé alors que devais vraiment ressembler aux adeptes du cuir et du bondage. Mais je n'avais plus du tout envie d'en rigoler, cette fois-ci. J'étais au bout du rouleau. J'aurais donné n'importe quoi pour qu'on m'ôte simplement cette chose de la bouche.
N'importe quoi. Tout.
« Je vais te le retirer maintenant. Pour le reste de la soirée, tu ne dis pas un mot. »
Il me l'enleva délicatement et laissa ma bouche se refermer. Elle me faisait mal après avoir été béante si longtemps. Je n'avais probablement eu cette chose en bouche qu'un petit quart d'heure au plus, quand j'y repense, mais qui m'avait semblé une éternité. La douleur sourd de la mâchoire inférieure et se répand en longs traits de souffrance jusqu'à la gorge et aux yeux. Le seul fait de déglutir est atroce, comme si on s'était luxé le condyle. Mes oreilles tintèrent quand il l'enleva tout à fait.
J'entendis de l'eau couler dans la salle de bains, puis je sentis qu'il m'essuyait le visage et le nez avec un gant de toilette chaud et humide ; il étendit la couette sur moi et me la remonta juste sous la poitrine. Puis il m'embrassa gentiment, en faisant très attention à ma bouche qui, en dépit de l'extrêmeté de la peine toute récente, ne me faisait déjà plus mal. Il m'embrassa encore au travers du bandeau, tout près du coin des yeux. Il peut être si tendre. Quand ça lui chante.
Je le sentis s'asseoir sur le lit à côté de moi. Il me caressa doucement le visage du revers de ses doigts. Enchaînée comme je l'étais, j'aurais dû me sentir exposée, impuissante et dénudée, notamment avec les yeux bandés, sans possibilité de voir ce qu'il me préparait pour la suite, et pourtant je ne ressentais pas ma nudité d'une manière si intense ; curieusement cela provenait du fait que j'avais les yeux bandés. Je me demande si les autruches se cachent vraiment la tête dans le sable pour se sentir à l'abri. Bien sûr que non. C'est débile. Mes deux prénoms se traduisent grosso-modo comme ça : « Non-inventrice-de-fil-à-couper-le-beurre-plus-conne-qu'une-autruche ».
Être à l'abri est bien différent d'être impuissante, ceci dit, et j'était bel et bien impuissante. À l'abri et impuissante. D'abord, ses baisers et ses caresses furent consolateurs et asexués. J'avais chaud et j'étais bien, et je me rendis compte que rien d'autre n'était requis de moi que de laisser ma grande et grosse bouche bien coite. De toute façon, dans cette posture je ne pouvais rien faire que d'accepter passivement tout ce qu'il choisirait de me faire. Je n'étais responsable de rien.
Ses baisers se firent plus ardents et je me sentis de plus en plus détachée. Qu'il m'embrasse, pensai-je. Qu'il me fasse tout ce qu'il veut. Après tout ce qui s'est passé, je n'ai plus rien d'autre à faire que de rester couchée là. Mes lèvres ne répondraient pas aux siennes. Et elles n'y répondirent pas. C'était comme si j'avais été dans la pièce, là, à observer ce qui arrivait à une d'autre, une tout engourdie. Il me rejoignit sous les couvertures et ses mains se mirent à parcourir mon corps, et ses caresses se firent plus sensuelles. Il s'était déshabillé un peu après qu'il m'eût bandé les yeux. Sa main glissa vers mon estomac et s'immobilisa juste sous le nombril. Et, toujours aussi délicatement plus bas encore, vers là où ma peau devient soie. Mon souffle court et les muscles de mon ventre se contractant d'eux-mêmes me trahirent, comme chatouillés.
Sa main glissa plus bas encore, et se posa en coupe sur mon sexe épilé, le massant doucement. J'étais déterminée à ne pas réagir, et mon détachement initial me revint. Il continua de me caresser. Ma peau était si douce, là ; je touchai du doigt la pertinence de ma dépilation, pensai-je encore. Mais j'étais bien déterminée à ne pas réagir. Ne pas bouger. Je pourrais jouir qu'il ne le saurait pas, me disais-je. J'étais de plus en plus en dehors de moi, détachée, flottante, à demi dans un rêve. Ses caresses se firent plus insistantes ; ses doigts s'immiscèrent en moi. Mais je ne réagissais toujours pas. Je m'étais détendue à dessein.
C'est dur à expliquer. Pendant qu'il continuait à me caresser, je restais détachée de moi, mais mon corps se mit à se mouvoir sans aucune intervention de ma part. Ça sonne faux, vous devez croire que j'affabule, je sais. C'est comme si je voyais tout de l'extérieur, toujours parfaitement détendue, et que mon corps seul agissait. Je vis les hanches de mon corps remuer en premier, tout doucement, se poussant tout contre sa main experte. Il me caressait gentiment, fouillant et me sondant, jusqu'à parvenir enfin au point exact. Mes hanches se mirent à osciller en rythme. Sa main quitta mon sexe et remonta jusqu'à mes seins. D'une légère caresse leurs tétons s'éveillèrent. Ils s'étaient érigés, pointant dur. Je sentis ses lèvres sur mes mamelons, suçant et mordillant doucement. Il poursuivit en se faisant plus fort, plus insistant, jusqu'à ce qu'ils commencent à me faire mal. Soudain, sa main fut de retour sur mon sexe. Mon corps pantelait en arc-boutant, étiré sur les chaînes. Mes genoux se soulevèrent, mes jambes se courbèrent autant que les chaînes le consentaient.
Je me figeai et j'entendis le souffle de mon corps s'augmenter jusqu'au rauque. Je le vis s'installer sur moi, et lentement, très lentement, m'entrer au dedans. Mon corps frissonna de lui-même. Il se soutenait de ses mains, comme s'il avait été suspendu par dessus moi. Mon corps écartelé flottait en apesanteur, pénétré, surexcité et frémissant. Il se mit à remuer avec une lenteur et une douceur extrêmes, qui me parurent émaner d'une f o r c e colossale quoique parfaitement endiguée, une f o r c e contenue.
Mon corps haletait et hoquetait involontairement, aspirant de longues lampées d'air et produisant les mêmes jérémiades suraiguës que lorsque j'étais en pleurs et bâillonnée, quelques instants plus tôt. Puis mon dos se décolla du lit, mes membres se cambrèrent soudain dans les chaînes, et mon corps lui-même en vint à s'immobiliser, quasi-vibrant, le souffle suspendu. Ma gorge émettait de petits cris, alors il m'appliqua une poussée plus vigoureuse, plus artistement calculée, la plus lente de toutes. Je ne crois pas avoir joui à ce moment, mais ce fut aussi bon qu'un bon orgasme.
Il se remit à me caresser, ralentissant son rythme jusqu'à ce qu'il devienne quasiment imperceptible. J'étais sur une corde raide. Mon corps avait recommencé à respirer : soudain je me mis à haleter frénétiquement et à me crisper en des spasmes incontrôlables, butée contre les chaînes. Son poids se fit accablant sur mon corps, m'épinglant sur le lit. Des spasmes et des spasmes encore vinrent à bout de mon corps, mais il me maintenait toujours immobile. Les chaînes se resserraient en rythme quand je tirais dessus, et ma tête oscillait d'avant en arrière. Il glissa ses bras sous mes épaules et saisit ma tête entre ses mains. Sa bouche se posa sur la mienne, avide. Ses hanches s'agitaient en rythme, maintenant, et plus très légèrement. Finalement mon barrage se rompit. Mon orgasme parut se prolonger à l'infini de l'infini.
Alors que je reposais là, rompue, à récupérer mon souffle et mes esprits, je le sentis en moi, toujours bandant. Dès qu'il me sentit prête, il se remit en mouvement, mais cette fois pour lui seul. Lentement d'abord, puis, il se maintint sur la limite extrême, très lentement, doucement, en marquant des pauses pour prolonger son plaisir. Un second orgasme fit jour en moi, puis un troisième, alors même qu'il obtenait le fruit de ses désirs de moi (Non, vraiment ! ça sonne carrément comme si j'étais une rombière Victorienne du Middle West. Obtenait le fruit de ses désirs... Pffffff ! ), mais il n'avait pas percuté. Il m'utilisa jusqu'à ce que tout frémissant, tout haletant, il en eut fini avec moi. J'aurais tant aimé voir son visage. Mais d'un autre côté, tout bien considéré... Enfin bon, pourquoi s'obstiner à bidouiller un truc s'il marche bien ? Comme papy aimait à le dire. Pas tout à fait dans le même contexte, ceci dit.
Je me mis à dériver au loin et je me souviens vaguement qu'il m'avait débarrassée en déverrouillant mes chaînes, et qu'il m'avait ensuite portée jusqu'à ma chambre.
Quand je m'éveillai ce matin, j'étais dans mon lit, et les menottes en cuir, les bracelets de chevilles ainsi que le collier étaient toujours à leur place. Le soleil se levait tout juste et j'avais délicieusement mal un peu partout. J'allais à la salle de bains. J'étais un désastre vivant : mes yeux étaient devenus deux énormes taches grasses, là où le mascara avait coulé sous le bandeau hier soir. Après un pipi rapide et un savonnage, je sautai dans mon lit douillet juste à temps pour qu'il arrive dans ma chambre avec du café et des muffins tout chauds. Il était déjà tout habillé, et après un petit bisou et quelques ordres, il partit au travail.
Les ordres consistaient à commencer d'écrire tout ça. Après une bonne grasse mat, je me levais et je fis le tour de la maison. Sa chambre était fermée à clé, mais le reste de la maison m'était ouvert. Ce n'est pas avant d'avoir noté que mes valises avaient disparu (une attention vraiment touchante) que je réalisai n'avoir à aucun moment - et même aux pires d'hier au soir - songé à le quitter. Il n'avait pas besoin d'emporter mes vêtements pour me garder ici, mais néanmoins cela me fit chaud au cœur qu'il l'ait fait. Je resterais.
Bon, c'est tout pour maintenant. Il faut que je me prépare pour lui et j'en ai assez de taper, de toute façon. Wordstar[1] m'annonce que j'ai écrit 27 pages. Des idées jetées pêle-mêle sur le papier, plus les cours de dactylo de Mme Cooke. Il sera de retour dans une heure ; demain c'est samedi.
Il a eu l'air satisfait de ce que j'ai écrit vendredi. Aujourd'hui c'est dimanche ; je n'ai pas le temps de vous parler de vendredi et samedi soirs. Plus tard. Ça ressemble de plus en plus à un journal intime. En fait, il a dit avoir été surpris que j'aie autant écrit. Pourtant, il m'a demandé de me reprendre et de rajouter des trucs, comme la partie sur mes tétons, par exemple. J'ai détesté. Et d'autres trucs, aussi. J'ai modifié les noms, les lieux, etc., pour protéger les innocents[2] (les coupables, en fait) pour qu'on ne puisse pas remonter jusqu'à nous. Si donc vous tombiez sur ce récit, sachez qu'il a été revu et corrigé. Mais pas caviardé, vous ne serez donc pas grugés. Il m'a demandé de rajouter des trucs, pas d'en enlever.
Je suis supposée vous en dire plus sur moi-même, sur ce à quoi je ressemble, sur pourquoi je fais cela, sur ce qui me motive. J'ai une heure à peine devant moi, l'article du jour sera donc bref et ira droit à l'essentiel. Je fais un mètre soixante pour quarante-neuf kilos. Donc, durant toute ma vie d'adulte j'ai eu le choix entre « petite » et « pas grande » ; je n'aime ni l'un ni l'autre. Altitudinellement handicapée ? Je porte souvent des talons hauts. Ça fait vieux jeu, je sais, mais je suis une naine sans leur aide. Quand je mets des chaussures de sport, les gens disent « Waouh ! je savais pas que tu étais si petite. » Waouh. Mercibienc'estgentil.
Les cheveux châtains, assez longs, mais pour être honnête leur qualité laisse à désirer. Ils sont du type rêche et crépu avec des tas de bouclettes. J'ai l'air d'avoir une permanente ratée et que j'en aurais bien besoin d'en refaire une autre, sauf que je n'ai pas fait et que je ne ferais pas. Ma chevelure ne sera jamais lisse et soyeuse comme dans les pubs à la télé. Après chaque lavage, elle buissonne à l'afro en devenant ingérable. Elle m'arrivait au milieu du dos quand j'étais au lycée, mais depuis je n'ai cessé de la raccourcir peu à peu jusqu'à ce qu'elle m'arrive juste sous les épaules. Il est vraiment malcommode de la faire tenir en place sous une coiffe d'infirmière, mais J ne veut pas que je la fasse couper, et je ne l'ai pas fait depuis notre rencontre. J'aimerais bien essayer les cheveux courts, pourtant.
J'ai le teint clair, les yeux gris-bleu, et je pense qu'ils sont ce que j'ai de meilleur sur mon visage. Mes yeux sont grands, et je les souligne encore avec plein de maquillage. Je ne suis pas une beauté, mais je ne suis certainement pas dénuée de charme. Je dois me situer entre mignonne et « plutôt pas mal » (mais absolument pas virago, disons-le tout net.) Malgré ma petite taille, on ne m'a jamais qualifiée de miniature, Dieu merci. Je ne suis définitivement pas non plus du genre battante. Tous mes amis disent que j'ai un charme qui sort de l'ordinaire. Chez moi dans l'Indiana, je n'ai jamais eu de problème pour séduire les hommes, pas même les fanas du canon des stars de films conventionnels ; mais à l'époque la plupart des garçons de ma ville natale étaient de tels abrutis que je m'en souciais fort peu. Et toutes les beautés du type star de film conventionnel s'enfuirent au loin dès qu'elles le purent. Et toutes les autres aussi. Et moi itou. Même une autruche aurait fui.
Dans mon B l e d , on considère qu'avec trois t-shirts du club de foot local on a une garde-robe. Les mecs étaient bien plus intéressés par les bagnoles et la bière. Pour ces types, le simple fait de parler à une femme faisait efféminé ; attirer l'attention de l'un de ces spécimens ne valait tout simplement pas le coup, et vous pouvez me croire. C'est comme pour chevaucher une vache : ça peut se faire, mais ça fait beaucoup d'effort pour pas grand-chose... et puis pourquoi, d'abord ? Ces bouffons rustiques se cramponnaient à l'arrière d'un pick-up en éructant de grosses vannes du genre : « Aucun homme ne devrait faire un jardin plus grand que ce que sa femme peut biner, » pour ensuite s'esclaffer bruyamment. Puis un pitre tellement minable qu'il n'aurait pas même entendu cette bonne blague éclaterait de rire en vaporisant sa bière par les trous de nez. Ça serait le point fort de la soirée. Je vous semble amère ?
J'entretins donc pendant quasiment toutes mes années de lycée l'attitude et le look salutaires d'une « touche-moi-pas-là-moi-bonne-fille-de-ferme » et je ne me suis pas maquillée jusqu'en Terminale. Puis je rencontrai un mec plus âgé que moi et que je crus aimer, et c'est là j'ai commencé à me maquiller pour avoir l'air plus « mûre ». Cela dura deux semaines, jusqu'au moment crucial où je découvris qu'il y avait un miroir au-dessus de son lit. Je parle de trucs glauques. Ç'aurait dû être un signal : Les Choses Apparaissent Plus Grandes Que Ce Qu'elles Sont en Réalité. En plus il n'aimait pas mes tétons. Donc, comme ça n'avait pas marché, je décidais de retourner au lycée. Je restais donc vierge jusqu'à mes dix-neuf ans, et puis encore jusqu'à mes vingt-deux ans (je suis donc un peu tardive). C'est là que j'ai rencontré J.
Je lisais beaucoup, je faisais plein de gym et je me tenais en bonne forme, mais je n'avais toujours pas cette allure maigrichonne, dure et musculeuse qu'avaient certaines des femmes fréquentant la salle d'aérobic tout là-haut, dans le Nord.J'ai encore les formes bien rondes, mais je travaille d'arrache-pied à me confectionner une belle carrosserie. Il faudrait que je j'aille m'inscrire dans une salle de gym, par ici. OK, OK, je vous donne mes mensurations : 86-58-96, et je fais du 85 B. Vous êtes heureux maintenant ? (Merci-vraiment-très-beaucoup de me rappeler ça, J.) Mes épaules sont étroites, et les muscles de mon torse ont grand besoin d'être développés.
J'ai de belles jambes ; avec des talons elles sont supers, en fait. Élancées par rapport à ma taille. Mes hanches sont plutôt larges, mais cela vient du fait que mes jambes sont bien plus écartées que celles de la plupart des autres femmes ; mes cuisses sont minces. Il y a juste un espace plus important entre mes jambes que chez la plupart des autres femmes. Je ne sais pas pourquoi je dois vous raconter tout ça, je n'y avais pas même songé avant que J ne m'ait demandé de rajouter les toutes dernières phrases. J affirme que les jeans vont très bien. Je suppose qu'il a dû y penser. À l'espace entre mes jambes, je veux dire. Jusqu'à présent, pas moi.
Je bronze facilement, mais je ne suis pas pour, c'est tellement agressif pour la peau ; et puis, de là où je viens, être bronzée vous désigne comme plouc. Je crois qu'on pourrait me qualifier de pâlotte. D'autres me décriraient comme pâlichonne. Mais j'ai une belle peau, je ne suis donc pas livide ou blême, mais juste pâle. J'essaie de maintenir ma peau aussi parfaite que possible (pas de mal-bouffe). Elle est très fine (petits pores), et je suis fière de mon teint. Je me maquille, c'est vrai, et même un peu plus que nécessaire. J'aime bien me pomponner, c'est vu ? Encore la petite fille qui joue avec le maquillage à sa maman, je suppose.
Je suis suffisamment myope pour devoir porter des lunettes au volant, mais je mets des lentilles de contact la plupart du temps. J'en ai une paire qui me fait les yeux bleus, mais c'est tellement artificiel que j'en ai acheté une autre paire de neutres. Trop rutilant pour une fille du Middle West. Quelqu'un aurait pu penser que j'essayais d'être différente des autres. À Dieu ne plaise !
Je suis donc une fille de paysans du Middle West sauf pour ce qui est du maquillage. Avez-vous déjà vu de ces femmes au maquillage absolument parfait ? Vous savez bien : les lèvres impeccablement détourées, le dégradé du fard à paupières parfaitement nuancé, sans un grumeau, les sourcils soigneusement effilés, la peau bien lisse, uniforme, et toute poudrée. Elles ont l'air de consacrer bien trop de temps à leur visage. C'est ce qu'elles font, d'ailleurs : je suis l'une d'entre elles. D'un autre côté, il y a beaucoup de femmes dans le coin qui pourraient prendre un peu plus soin d'elles.
J pense que je passe trop de temps à me maquiller parce que j'aime à tout contrôler de manière parfaite. Il pense que j'utilise le maquillage pour compenser ce que je perçois comme étant d'autres défauts incontrôlables. Je suppose qu'il fait allusion à mes cheveux. Ou à mes tétons. Ils me furent une gêne, mais je ne crois pas qu'ils aient régi ma vie. Peut-être a-t-il raison. Je n'ai pas encore réussi à me convaincre qu'il dit la vérité quand il m'affirme les préférer tels quels. Va mourir ! Il dit aussi qu'il m'aime sans mon maquillage. Il pense juste qu'il aime. Ou il aime à penser qu'il aimerait. Les hommes.
Mes amis disent de moi que j'ai les attitudes typiques d'une fille du Middle West. C'est vrai. Ma famille n'a jamais ne serait-ce qu'abordé le sujet du sexe. On ne m'a jamais expliqué les « choses de la vie. » Dans le Middle West, la gêne a été promue de simple émotion au rang de mode de vie. On ne parle tout simplement pas de ces choses-là. Je remercie Dieu pour l'éducation sexuelle à l'école.
Voilà... je suis pluri-orgastique. J'adorerais que ça puisse signifier quelque chose d'important, mais ça voudrait plutôt dire que J est un amant sensible. Je n'y avais pas souvent pensé, peut-être parce que je n'avais jamais été comme ça avec les autres mecs. Mes orgasmes sont quasi-prévisibles (quoique pas du tout rasoirs) . Avec J, je commence presque toujours par un petit orgasme palpitamment frémissant au tout début, puis j'en ai un grand au milieu. Il s'applique à me rendre le second très jouissif et il m'attend toujours avant d'avoir le sien. Quasiment une fois sur deux j'en ai un troisième, mais le second est presque toujours le meilleur. Ça sonne prévisible et ennuyeux, je sais, mais je connais (connaissais) un paquet de filles qui n'en ont pas du tout, alors je me sentais gâtée. Mais tout pourrait changer maintenant. C'est que nous allons vers des terres inconnues.
Je suis obligée de rajouter quelque chose. Je n'arrive pas à y croire, mais il m'a demandé d'écrire ça. Il dit que j'ai un visage distant et presque cruel. Quelque chose dans la forme de mes narines, vain Dieu ! Des narines distantes et cruelles ? Allez ! Il dit que c'est l'une des choses qui l'ont attiré vers moi, au début. Elles ne sont ni l'une ni l'autre. Vraiment.
Les motivations. Nous en avions beaucoup parlé. Être responsable d'un étage entier d'infirmières et de soignants signifie que je dois diriger et organiser les gens autour de moi. Je ne suis pas faite pour ça : c'est une partie de ma vie qui n'est véritablement pas sous mon contrôle, et pourtant mon boulot exige que je sois capable d'exercer mon contrôle... et je suis prise entre deux feux. Ma personnalité n'a tout simplement pas le poids nécessaire. Je suppose que la plupart d'entre nous ont des vies et des boulots qui requièrent f o r c e et autorité. Je feins très bien, et je feins encore. C'est peut-être pourquoi j'ai cette double impulsion en moi qui me pousse à tout laisser tomber et à me dégager de mes responsabilités et, d'un autre côté, à exercer un contrôle indiscuté. De là vient la Liste à double colonnes ( ?) Elle semble émaner la même dualité. J ressent les même tensions à son boulot, et en bien des manières les deux colonnes reflétaient ces deux aspects de nos personnalités.
Voici ma théorie : il semble certain que les différences entre les rôles et les schémas comportementaux mâle/femelle (ou dominant/passif, quoi qu'il en soit) soient le résultat d'une évolution sociale et peut-être même biologique. S'il en est ainsi, il en découle qu'elles sont une adaptation sociobiologique plaquées sur un arrière-plan préexistant, qui est certainement bien plus une médiation entre deux genres que l'un ou l'autre de ces deux extrêmes stéréotypés. Il s'ensuit alors qu'il existe bel et bien un aspect inexprimé plus féminin pour les mâles ainsi qu'un côté plus masculin de la psychologie féminine. Ces deux aspects sont parfaitement naturels. Il est possible que ce que l'on considère comme étant un comportement sexuel déviant (c'est-à-dire, déviant des stéréotypes extrêmes et acceptables du spectre mâle/femelle) est l'expression irréfléchie de ces émotions sexuelles intermédiaires et néanmoins très naturelles.
D'un autre côté, il y avait une infirmière travaillant au même étage que moi et qui faisait un mètre quatre-vingt-cinq, et qui eût été splendide si elle n'avait pas désiré être plus petite. Elle se voûtait et elle était timide et se débrouillait pour avoir l'air moche, simplement parce qu'elle n'était pas bien dans sa peau. J'aurais pu tuer pour avoir cette taille ; je faisais tout pour apparaître plus grande : je me tenais bien droite, c'était devenu une seconde nature, et j'essayais de projeter de l'assurance plutôt que de la timidité autour de moi. Il est singulier que nos vies puissent être si affectées par ce que nous voulons être plutôt que par ce que nous sommes.
On me demande d'être plus dominante au boulot qu'il n'est dans ma nature. Je déteste ça, et je préfèrerai plutôt rester passive et n'avoir aucune responsabilité. En même temps, vu que je suis parfois (étant femelle et petite) incapable d'exercer une forte influence dominante, j'aimerais rien qu'une seule fois contrôler quelqu'un ou quelque chose sans concurrence. Je suppose que je désire les deux. Je n'ai jamais ressenti cette maîtrise que dans une descente à skis. Je suis plutôt bonne skieuse, et j'ai réellement le sentiment enivrant de dominer la montagne. Je me demande si ça serait aussi bien de pouvoir dominer un homme...
Ou bien ne fais-je que justifier ma fascination pour la Liste en m'inventant des excuses pseudo-psychologiques et alambiquées. En public, j'ai toujours clamé être répugnée par de telles choses, mais en privé je suis attirée par la face cachée de ma propre nature. Si j'aperçois des livres érotiques sur une étagère, je me sentirais gênée si quiconque pouvait voir que je les regarde, mais en même temps j'ai envie de savoir ce qu'il y a dedans. Repoussée et attirée. Un méli-mélo de fausse prude de l'Indiana !
Après lecture de ce manifeste d'une hyper prude, si vous pouviez voir dans quelle tenue je suis là, maintenant, vous vous demanderiez si je suis bien la même personne. Mais je n'ai fait que suiffre les SordreS, mein Führer. Je porte ce qu'il m'a demandé de porter.
Oups ! J remonte l'allée au volant de sa voiture. Il est temps d'y aller. Je vous en dirais plus sur le week-end quand il sera au travail, demain. OK, j'ai tout admis. Plus jamais de phycho-pop'. Et voilà tout pour aujourd'hui. C'est l'heure du plaisir et des jeux...
LA LISTE ( SUITE 2 )
C'est lundi. Je suis assise à l'ordinateur et je porte la deuxième tenue qu'il m'avait fait faire. En fait, je ne l'ai pas faite avec rien, j'ai modifié pour elle un body de gym en Lycra. Noir, évidemment. Pourquoi donc les hommes aiment tant le noir ? Elle comporte une culotte à la française au derrière ultra-minuscule et qui pénètre profondément entre mes fesses. Il me l'a faite modifier de façon à ce qu'elle expose au maximum les rebords de mon sexe sur le devant. Je crois qu'il avait déjà l'idée en tête que je sois épilée du bas, à l'époque. Il va me falloir quelque temps pour m'y habituer, je crois.
La chose est rendue un peu plus confortable en portant des collants par dessous. Bien sûr, il faut qu'ils soient gris-fumée et bien ajustés à la taille. Encore des ordres. Elle s'ouvre à l'entrejambe par des boutons-pressions, et je soupçonne que c'est pour y accéder plus facilement. J'ai dû rabaisser le col et agrandir les échancrures des manches de façon à ce que mes seins soient très exposés. Un centimètre à gauche ou à droite et un téton jaillirait... Les hommes vont droit à l'évidence, non ?
J'étais en cette tenue ce vendredi soir quand il revint du travail, quoi que sans les collants, vu qu'ils avaient l'air bizarre, passés par dessus les bracelets de chevilles en cuir. J'aurais pu les couper, puisque j'ai maintenant tout loisir de circuler dans la maison et que j'avais accès aux ciseaux. Mais pourquoi s'embêter : je n'ai pas envie de fuir quoi que ce soit, de toute façon. Ça sonne louche, comme le vieux truc de ne pas réparer le toit quand il ne pleut pas...
Pensée oisive : je pense qu'il aime mon maquillage tel quel, quoi qu'il en dise. (J'ai décrit cela dans le premier article, il y a un bon siècle de ça.) Il ne m'a pas demandé de le modifier, et quand il me fait la bise, il fait bien attention à ne pas l'abîmer. Ça viendra plus tard (l'abîmer, je veux dire).
En parlant de ça, il part en voyage d'affaires à San Francisco dans quelques jours. Et il m'embarque avec lui ! Il me l'a dit samedi, quand il m'avait emmenée acheter de nouvelles fringues.
Mais je ne vous ai pas encore parlé de la soirée de vendredi. Qui fut une chaude soirée, suffisamment pour laisser les fenêtres ouvertes ; mais nous étions offert le plaisir coupable d'un bon feu de bois. Des brises précoces de printemps et un feu en plein février... Je pourrais bien me mettre à aimer le Sud.
Il y a quelques instants, alors que je tapais à la machine, ma mère m'a passé un coup de fil de l'Indiana ; elle voulait savoir si j'avais survécu à mon déménagement de Chicago. Son seul contact avec le Sud Profond fut le film Delivrance... elle était donc inquiète. Ce fut étrange de papoter au téléphone avec ma mère dans cette tenue. Si elle avait pu me voir, je ne sais pas laquelle des deux aurait été la plus embarrassée. Le thème musical de Delivrance aurait pu s'intituler Duel de Prudes s'il avait été tourné dans l'Indiana. Elle veux que je me marie. Je suppose que toutes les mères nous harcèlent là dessus. La mienne semble avoir des plans sur la façon dont ma vie entière se devrait d'être... et sur comment je me devrais d'être. Elle me projette sur ce modèle - comme elle le ferait d'un patron de robe, mais d'elle-même - et s'alarme, m'aiguillonne, me pousse me f o r c e si je n'épouse pas parfaitement le patron. Elle pratique la stratégie de l'usure. Nous sommes bien trop pudiques dans l'Indiana pour nous dévoiler et nous mettre à discuter de tout ça. Nous claquons les portes du four de la gazinière un peu plus bruyamment qu'il n'est strictement nécessaire. Ou bien je me mettrais à lire en tournant les pages un peu trop vite. Un habitant de New York pourrait se retrouver en pleine guerre dans l'Indiana et ne pas s'en rendre compte.
Enfin bon, je m'apprêtais vous parler de vendredi. Ce ne fut pas aussi traumatisant que jeudi soir. Pas de bâillon, ni rien d'autre du genre. Nous fîmes l'amour sur le tapis de laine devant la cheminée. Non, pas une peau de bête, une espèce de machin grec tissé de laine blanche, d'une vingtaine (oui, 20) de centimètres d'épaisseur. On y est comme sur un nuage. Quand il est sale, lavez-le en machine et laissez-le rétrécir.
Donc, nous avons fait l'amour sur le tapis, devant la cheminée. Je l'aperçois en ce moment même qui m'observe par dessus l'écran. Vous souvenez-vous que je n'avais pas encore vu J tout nu depuis six bons mois ? Il ne m'avait toujours pas laissé le regarder. Non pas qu'il ait eu honte de quoi que ce soit : il a un corps terrible. Un des plus beaux culs du monde. Non, il ne cache pas son corps : il veut prolonger ma gêne et mon inconfort par l'inégalité de la situation. Il n'y a rien de plus inégal que d'être nue alors que votre partenaire est tout habillé, et particulièrement de la façon dont je suis dénudée et exhibée Là En Bas.
Premièrement, il me demanda d'aller chercher le bandeau dans ma salle de bains, ainsi que du talc non parfumé... Pourquoi donc les hommes n'aiment-ils pas les bonnes odeurs ? Puis, je dus me re-déshabiller pour lui. J'essayais d'être plus séduisante cette fois-ci. Je suis déterminée à apprendre à le faire comme une pro, mais en privé. Mais je pense qu'il préfère la gêne à l'action pépère. Il eut droit au deux : je fis gauchement et de mon mieux mon petit strip-tease. Je me sentis vraiment conne, feignant lamentablement de n'être pas furieusement rouge de honte. Peut-être ne trouverai-je jamais naturel d'être aussi nue alors qu'il est tellement vêtu, mais peut-être bien aussi que la vraie pro est celle qui sait préserver son statut d'amateur.
Quand j'en eus fini, je me mis à genoux devant lui. Il me fit remettre le bandeau. Pas de discussion cette fois. J'étais une bonne fille. Sous sa direction, debout et les yeux bandés, je commençais à le déshabiller. J'étais excitée. C'était plutôt comme dans mes bons vieux fantasmes softs. Quand je l'eus mis à nu, je le pris dans ma bouche, toujours agenouillée. Aussi profondément que je pouvais le prendre sans m'étrangler. C'est une autre chose que j'aimerai pouvoir faire. Je crois. Si ce n'est pas mauvais pour moi. Je parie qu'il n'y en a pas des masses qui peuvent s'offrir le quotidien de Linda Lovelace. Malheureusement pour moi, je n'en suis pas. Le sexe oral est un truc que je m'eff o r c e d'apprécier.
Je m'eff o r ç a is donc, en m'étranglant un peu ; il s'en rendit compte et emmêla sa main dans mes cheveux derrière ma tête pour me tirer au loin de son érection. En maintenant ma tête en arrière, il se mit à genoux devant moi et se pencha pour embrasser ma gorge exposée. Je me mis à frissonner quand ses mains me parcoururent les flancs. Si un truc m'ennuie, il ne veut pas que je le fasse. Parfois.
Doucement il m'allongea sur le dos et commença à me masser le corps à l'aide du talc. Des orteils jusqu'au cou il étendit et frotta, me relaxant et me malaxant. Je devins toute flasque, me muant en gelée sous ses doigts. Une gelée toute poudrée. Mes jambes, que j'avais jointes d'instinct - selon la manière agréée des gens du Middle West -, s'éloignèrent l'une de l'autre un tout petit peu. Il saupoudra du talc partout. Sur mes seins, entre mes cuisses, sur mon déjà satiné mont de Vénus dépoilé. Puis il me roula tel un sac de farine et attaqua le dos. Après l'avoir talqué et profondément pétri, ainsi que mes bras et jambes, il acheva par mon postérieur.
Doucement, il me caressa la poudre suave dans la raie. De plus en plus profondément. Ses doigts me firent tout, hormis de me pénétrer là. Mon corps était talqué jusqu'au cou. Je m'imaginais telle une statue de marbre aux yeux bandés. Ses mains s'attardèrent dans ma raie, m'apaisant, me sondant sans s'introduire. Je n'étais pas prête à cela, et je crois qu'il devait le savoir, car il ne tenta pas de me f o r c e r. Au début j'étais anxieuse qu'il le fasse, et je m'étais involontairement contractée à son toucher, mais comme il persistait à me masser au talc, ma confiance s'accrut et je me détendis tout à fait. Je me concentrai afin de décontracter mon ouverture postérieure. C'est plutôt audacieux de la part de quelqu'un comme moi. Je ne suis même pas sûre qu'il soit légal de détendre ces muscles dans l'Indiana.
Il continuait à me caresser et à m'attiser. À me préparer physiquement ; j'étais tout à fait prête. Mes fesses se soulevèrent, allant à la rencontre de ses mains, se serrant des joues pour les saisir et les attirer au dedans (encore plus audacieuse), mais il me demanda de me détendre. J'essayais. L'impatience et l'excitation nerveuse que je ressentais s'étaient teintées d'un peu plus que d'appréhension seule ; je n'avais jamais expérimenté ça auparavant. C'est l'une des choses qui me dégoûtent et me fascinent tout à la fois. Mais il jouait toujours, sans effectuer aucune tentative de me pénétrer. Mon cœur se mit à battre plus fort alors il continuait à me dire de me calmer. C'est une drôle de sensation ; se concentrer sur laisser son corps devenir bouillie alors que votre cœur ne cesse de battre à tout rompre. Finalement je m'apaisai. En tout cas je n'avais plus aucune f o r c e , juste un petit noyau expectatif tout au fond. J'étais du flan, de la gelée. De la gelée passive et fondue. Il aurait pu me faire n'importe quoi. J'en avais envie.
« Mets-toi à genoux et appuie-toi sur tes mains, » dit-il. Je le fis. J'étais désorientée, en revenant à la réalité les yeux bandés après un tel état de relaxation physique, mais je me débrouillais pour me mettre à quatre pattes, et je restais là, penchée en avant. Ses mains continuaient à me travailler simultanément par dessus et en dessous. Je me mis à gémir et je tendis à nouveau mes fesses contre sa main, tentant d'agripper ses doigts afin de lui indiquer que j'étais prête. Et j'étais prête. Et même avide d'essayer ça. Ça. Qui allait bien plus loin que ce que j'aie jamais pu penser. Et je désirais aller encore plus loin !
Mais ça ne devait pas se faire. Il voulait juste me démontrer combien je pouvais être convaincue d'aller plus loin. Je dégoulinais d'impatience. Au propre et au figuré.
« Mets-toi à cheval sur moi, » dit-il. Il s'était allongé sur le dos, à côté de moi. Il m'aida, me souleva à demi et me guida sur lui. Je sentais son érection entre mes cuisses. J'étais de nouveau à quatre pattes, et il se guida en moi. J'étais prête maintenant. Je coulissai sur lui très doucement, prudemment (je suis étroite), l'acceptant progressivement en son entier au-dedans de mon corps tout vibrant maintenant. Il me tint immobile, m'empêchant de me frotter à lui. Mes muscles du ventre et du sexe se convulsaient spontanément, et il me fallut un bon moment avant que je ne récupère ma maîtrise. Au bout du compte, je réussis à m'asseoir avec lui en moi et sans devenir totalement folle, bien que mon souffle n'ait pas été tout à fait paisible. Et après ? me demandai-je.
« Prends ça, » dit-il, « Fais-moi un massage. » Je tendis les mains en tâtonnant devant moi. Elles trouvèrent la boîte de talc. Quel moment pour un massage... Mon esprit était focalisé sur une seule chose, et il ne s'agissait pas de massage au talc. J'en saupoudrai sa poitrine et je commençai à le masser, l'étalant sur son torse et ses bras. Alors que je me balançais d'avant en arrière, frictionnant les muscles de sa poitrine, je sentis une chaude incandescence m'irradier du mitan.
Je me saupoudrai aussi, massant mes propres seins, chose que je n'aurais jamais faite en n'ayant pas les yeux bandés. Aussi naturel que cela paraisse, on dirait que c'est narcissique et quasi-masturbatoire de se caresser, et spécialement quand on vous regarde. Je ne l'aurais pas fait la première nuit, mais cette fois le bâillon m'avait en quelque sorte délivrée de cette inhibition. Comme je ne pouvais pas observer sa réaction, je n'étais pas responsable de ma non-réaction ; je pouvais faire ce que je voulais.
Je l'imaginais me regardant, et je fus excitée par cet exhibitionnisme. Je n'eus pas à deviner ce qu'il ressentait à propos ce que je faisais : je le sentais énorme en moi, et je rendis mon petit show plus provocant, jusqu'à me caresser tout le devant du corps, de l'entrejambe au bandeau, haletant de manière tragique.
Alors que j'étais occupée à ma frime, mon premier orgasme me prit totalement au dépourvu. Reprenant brutalement mon souffle, je lâchai le talc, et m'assurant de mes mains sur ses épaules, je me convulsai sur ses hanches ; je me mis à me balancer sauvagement d'avant en arrière, tentant d'aboutir à mon deuxième orgasme. Mais, pour aussi génial que ce fut, un orgasme dans cette posture n'est cependant pas aussi satisfaisant que celui qu'on obtiendrait lors d'un vrai vis à vis. Il m'allongea sur sa poitrine et l'avant de nos deux corps fut soudain une longue surface satinée. Le talc donnait à nos deux corps le sentiment d'être tout de velours vivant et lentement battus comme des cartes à jouer, en glissant voluptueusement l'un contre l'autre. Je me sentais si lisse et si soyeuse ! De partout. C'était comme si la surface satinée de mon sexe dépilé se fut étendue à mon corps tout entier pour l'envelopper. Nous envelopper. Je l'embrassai en enclosant son corps dans le mien, et nous parvînmes lentement au tout premier orgasme simultané que nous ayons jamais eu.
Ce n'est pas un sujet sur lequel je puisse écrire. J'ai effacé plusieurs essais ratés, et j'ai décidé une fois pour toutes que la description d'un orgasme était l'une des choses les plus dures à décrire. La simultanéité est la perfection, et je ne suis pas une écrivaine capable de perfection. Néanmoins, ne vous gênez pas d'applaudir si ça vous chante.
LA LISTE (SUITE 3 )
Le jour suivant, samedi, nous sommes allés au centre commercial pour y faire du shopping. C'est bien banal, non ? Enfin bon...
À dix heures et des il me retira le collier ainsi que les bracelets des chevilles et des poignets, et il me dit d'aller me maquiller puis d'enfiler les mêmes sandales blanches à talons hauts que j'avais porté le premier soir, et rien d'autre. Je fis comme il m'avait demandé, sans savoir ce qui allait advenir. Puis il me tendit mon manteau fourré. Je me glissai au dedans. Debout derrière moi et m'entourant de ses bras, il me serra la doublure contre la peau nue et me glissa par dessus l'épaule, « Les courses, c'est maintenant. »
« Comme ça !? » dis-je, espérant qu'il plaisantait. Mais non. Doux Jésus ! pensai-je. Il va me trimbaler en public comme ça ! Il ne faisait pas froid, mais j'ignorais si je pourrais supporter ça. C'était fort émoustillant et très excitant sur du papier, - sur la Liste - mais là...
« Ne boutonne pas le manteau, » dit-il. Nous avons marché côte à côte jusqu'à la voiture, mon manteau battant au vent, exposant mon extrême nudité. J'abaissai les yeux sur mon corps. C'en était trop. Je renâclai devant la voiture ; je savais que si j'entrais dedans, je ne pourrais plus rien empêcher. Je restais debout là, indécise, et je l'interrogeai du regard - comme s'il avait pu me dire quoi faire pour résoudre ce problème.
« Tu refuses d'y aller ? » me demanda-t-il.
« On s'était mis d'accord : pas d'humiliation en public, » dis-je, « c'est pas réglo que doive laisser mon manteau ouvert. »
« Si tu fais comme je te dis, il n'y aura pas d'humiliation en public, » me dit-il, en insistant bien sur le mot public. « Tu dois me faire confiance. Est-ce que tu essayerais de marchander ? » me dit-il - avec le même air qu'il avait juste avant de me mettre le bâillon, jeudi dernier.
« Non, » lui répondis-je en panique. « C'est juste que je... je... » J'entrai dans la voiture, en espérant qu'il n'était pas trop tard pour échapper à tout ce qu'il pouvait avoir en tête. Et je savais bien que ça n'était pas rien. Ça ne valait pas le coup de rompre le pacte, ceci dit. Je me jetai à l'eau. Tu dois faire confiance.
Il me dit de remonter mon manteau sur les hanches de façon à ce que ma peau nue s'appuie sur le siège glacé. Je le fis, et je tentais de me l'enrouler afin de rester au chaud. On a réellement été au centre commercial et il est sorti de la voiture, en a fait le tour, a ouvert ma portière et m'a demandé de sortir. Ce que j'ai fait en tenant mon manteau fermé. Puis il m'a dit que je pouvais le boutonner, Dieu merci ! Je jetai un regard circulaire sur l'immense parking et l'océan de bagnoles, il n'y avait personne en vue et je lui dis, « J'ai du mal à croire que je suis en train de faire ça. »
Puis nous le fîmes pour de bon.
Nous pénétrâmes dans la galerie marchande. Je sentais que tous les regards des autres se posaient sur moi, et qu'ils savaient. Il me prit par le bras et me dirigea vers un magasin de vêtements. Nous traînâmes au rayon des robes (il les regardait, et moi je faisais semblant tout en m'inquiétant des gens qui auraient pu me démasquer et que si l'un d'eux s'en rendait compte, il m'arracherait le manteau et me ferait arrêter). Une vendeuse survint, qui me demanda si j'avais besoin d'aide. En fait, j'aurais voulu qu'il réponde à ma place, mais il ne le fit pas. Il furetait dans un des rayonnages. Je balbutiai « j'fais que jeter un œil, merci, » et comme elle s'en allait je me rendis compte dans un frisson débile qu'elle n'avait rien soupçonné du tout. Bien sûr que non. Conne. J avait dégotté une robe à ma taille. Elle était à manches longues et tricotée dans un genre de mohair, à col roulé, blanche, pas tout à fait mini, mais coupée largement au-dessus du genou. Il connaissait ma taille. Il me la tendit et me dit d'aller l'essayer. La vendeuse revint et nous montra la cabine d'essayage.
« Puis-je vous débarrasser de votre manteau ? »
Oh Dieu ! « Non merci, » répondis-je en priant. Avec ferveur.
« Bien, mais faites-moi savoir si je peux vous aider. » MerciMonDieuÔMerci. Je vous jure, si elle m'avait demandé pourquoi je voulais garder mon manteau, je lui aurais répondu : Oh, pour des raisons sentimentales. Je n'arrivais pas à penser à une autre raison. Le vide total. Conne.
Dans la cabine d'essayage, je me glissais hors du manteau et dans la robe ; je la défroissai et puis je me suis regardée dans la glace. Pour moi, cela sautait aux yeux que je ne portais rien en dessous, mais j'ignorais si les autres pourraient s'en apercevoir. La robe était (est) taillée très près du corps. Au moins, je ne pouvais rien voir à travers le tissu. Ou, du moins, je pensais que non. Mes tétons ne sont pas assez sombres pour qu'ils puissent s'entrevoir, et, bien entendu, pas de poils noirs à l'endroit du pubis. Si mes tétons ne se durcissaient pas - ce qu'ils firent immédiatement - personne ne pourrait se rendre compte de rien. Ça me va bien sans soutien-gorge. Ce qui signifie que mes seins ne pendent pas énormément. J dit qu'ils tombent juste comme il faut, va savoir ce qu'il veut dire par là ; j'ai toujours pensé que le MOINDRE pendouillement était déjà de trop, mais il insistait sur le fait que c'était faux. Quelque chose sur leur façon de s'infléchir ou un truc dans le genre, disait-il. Les hommes. J'attendis en me concentrant sur autre chose jusqu'à ce que mes tétons cessent de me faire leur petit numéro.
Je sortis et je fis le mannequin pour J, m'attendant à tout moment à ce que la vendeuse déboule avec un policier : « C'est elle, monsieur l'agent. » Quand elle vint pour de bon, j'eus peur de simplement lever les yeux sur elle, pour le cas où mon air coupable eût révélé mon secret. Pourtant, je ne crois pas qu'elle se soit rendu compte. Son visage resta impassible lorsqu'elle me dit que la robe m'allait très bien, en essayant de faire sa vente. Bien entendu, mes tétons me trahirent immédiatement, érigés et hurlant : « C'est nous ! Regardez ! Oui, là ! Pas de sous-vêt's ! Ameutez la police ! » Elle m'aurait probablement faite arrêter si elle n'avait pas été payée au pourcentage. Elle tapa le ticket de caisse et prit la carte de crédit de J.
« Est-ce que je vous l'emballe ? »
« Euh, » dis-je avec à-propos. Nous autres de l'Indiana sommes célèbres pour notre à-propos.
« Pourquoi tu ne la porterais pas ? dit J... Puis, à la vendeuse, « Pourriez-vous aller chercher le manteau de la dame, s'il vous plaît ? »
Les yeux me sortirent de la tête, et quand elle fut partie, je lui chuchotai furieusement, « elle va voir que je ne portais rien en dessous ! » Il me sourit d'un air innocent. « Il n'y a pas d'autres vêtements dans la cabine ! » lui expliquai-je, pensant qu'il n'avait pas bien saisi, qu'il était la personne la plus stupide sur cette planète. Il souriait bêtement. J'aurais voulu disparaître. Je lui donnai un coup de coude. Il me sourit encore plus largement. Je ne sais pas pourquoi, mais d'une façon parfaitement illogique, mon esprit avait conclu que ça devait être un délit similaire au vol à l'étalage, sauf que là, au lieu de sortir avec trois robes sous le manteau... Enfin quoi, il devait bien exister un règlement imposant de sortir d'un magasin avec un nombre précis de vêtements, non ? J'allais me faire appréhender. « Désolée, madame, mais vous devez quitter le magasin avec un minimum de DEUX robes. C'est la loi. Vous devriez le savoir, vous qui êtes de l'Indiana. »
Quand elle fut de retour avec le manteau et l'air inquiet, il le lui prit doucement et la remercia, me prit par le bras et se dirigea lentement vers la porte. Elle était sur le point de dire quelque chose, mais au lieu de ça elle tourna la tête vers les cabines d'essayage avec un air déconcerté. Je crois qu'elle ne comprenait pas. Comme on dit à propos du Sud, « c'est pas la chaleur, c'est la connerie. » Je crois bien qu'en fait celle-là ÉTAIT réellement conne. Peut-être qu'elle était de l'Indiana. Une autre non-inventrice-de-fil-à-couper-le-beurre.
On l'avait fait ! Mes tétons exultèrent à nouveau. Je lui demandai mon manteau. « Est-ce que tu es sûre de vraiment le vouloir? » me dit-il.
Sûre ? Bien sûr que j'étais sûre. Je lui susurrai, « Je suis toujours nue en dessous, tu te rappelles pas ? » En parlant de conne. Il me regarda sans rien dire. J'ai réfléchi à ce que je venais de dire, et je me suis rendu compte que c'était ridicule. Tout le monde est nu sous ses vêtements. Pour une raison X il me vint à l'esprit l'image de ces panneaux apposés aux portes de certains restaurant avec marqué dessus : pieds nus interdits.
J'ai un corps acceptable, et j'étais déjà sortie sans soutien-gorge avant ça. Et puis au diable ! et pourquoi pas ? Je lui pris le bras, je m'appuyai tout contre lui et nous sortîmes de la galerie marchande en flânant. Et je dis bien en flânant. Je sentais le doux tissu se mouvoir sur ma peau, et l'émotion suscitée par l'idée de ce que je venais de faire me fit me sentir au sommet du monde. Flottante. Un homme accompagné de sa femme me regarda passer et je sus qu'il admirait mon corps, et non qu'il était bouche bée devant une personne nue sous sa robe. Enfin, peut-être bien qu'il y pensait quand même. Sa femme aussi me regardait. Après être sortis de la galerie, je ne pouvais pas croire qu'il faisait vraiment cela. Et puis nous l'avions fait. Et puis je ne pouvais pas croire que nous l'avions vraiment fait. Je n'y crois toujours pas. Mais nous l'avons vraiment, vraiment fait.
Arrivés à la voiture, J me demanda, « tu veux aller déjeuner quelque part ? »
Je le regardai droit dans les yeux et je dis, « Si tu veux, mais ce que j'ai vraiment envie, c'est de rentrer à la maison, de me changer et de mettre mes fringues de tous les jours. » Il sourit, en sachant bien ce que je pouvais porter à la maison, et il ouvrit sa portière, puis la mienne et j'entrai dans la voiture, et là j'ai remonté ma robe jusqu'à la taille sans qu'on me le demande. La deuxième partie du trajet s'effectue sur une petite route de campagne à deux voies. À peine sortis du trafic urbain, j'enlevai ma robe par le haut et je lui dis : « Je voudrais quand même pas que ma seule robe soit toute froissée, non ? » Je fis le reste du trajet toute nue dans la voiture, à côté de lui. Par pure espièglerie.
Et, quand nous fûmes parvenus à la maison (qui est isolée au milieu de quatre hectares de bois) je l'ai laissé à la voiture et j'ai filé vers la maison en rien d'autre que mes chaussures. Je l'ai attendu à la porte pour qu'il l'ouvre. J'étais si pleine de moi.
Conne. Je pense que je vais changer mon nom en Décidément-non-inventrice-de-fil-à-couper-le-beurre.
Je ne savais pas ce qui m'arrivait. J'étais soudain devenue intrépide, accomplissant délibérément des choses outrancières de mon plein gré, sans qu'on me pousse à les faire. C'était extra. Dangereux, mais sans danger en même temps. Je sentais que je pourrais supporter tout ce qu'il y avait sur la Liste et même quelques trucs en plus qui n'y étaient pas mentionnés.
Dans la maison, il mentionna qu'il avait lui aussi noté qu'un changement s'était opéré en moi. Je lui ai simplement souri et je suis partie chercher mes menottes et mon collier. Je les appelle des menottes, mais elles ne sont pas des menottes, mais des s a n g les de cuir épais, marron, avec des petits trous pour permettre de cadenasser les boucles. Le cuir avait été un de ses hobbies. C'est vraiment un homme à tout faire : il connaît l'électronique, l'ébénisterie, la menuiserie, la plomberie, la carrosserie (des voitures, des voitures...) et plein d'autres trucs dans le genre. Le garage est un véritable atelier de pro, plein d'outils. Il m'a dit qu'il a rêvé des années durant avant de pouvoir s'offrir un atelier digne de ce nom. Ça doit être chouette d'avoir un vrai salaire après tant d'années d'études et de galères. Les infirmières n'ont pas de vrai salaire. Il n'a l'air vrai que pour les étudiantes.
Je digresse. Après lui avoir amené les bracelets, il m'annonça qu'il avait quelque chose de spécial en tête pour après le déjeuner. Nous avons mangé, moi nue et lui tout habillé, et nous avons laissé la vaisselle en plan sur la table.
« Est-ce que tu crois que ta frime ait pu me faire oublier tes hésitations et tes questionnements dans la voiture, ce matin ? » me dit-il.
« Maintenant tu te passes les bracelets, » dit-il en se dirigeant vers le salon. Il semble adopter ce ton de maître affecté lorsqu'il s'apprête à me faire quelque chose. Comme s'il lisait un script ou quoi. Je courus le rejoindre, bricolant avec les menottes et n'y parvenant pas.
« Je pensais que ça t'aurait fait plaisir, » lui dis-je, « je l'ai fait pour toi ».
« J'ai perçu un peu plus que la simple envie de me faire plaisir dans tes actes. Il y avait de l'orgueil... et un soupçon de rébellion. Tu n'as joué le jeu d'aujourd'hui que pour le gagner. » Il parle réellement de cette façon quand nous... enfin... faisons ce genre de trucs.
« Non, vraiment ! » protestai-je sans conviction. Il me prit la tête entre ses mains et me maintint le visage face au sien pour que je sois obligée de le fixer. Il ne dit rien, n'ayant que l'air sceptique.
Bon, d'accord, alors d'enlever ma robe sans qu'il me le demande, puis de le laisser à côté de la voiture avait peut-être été plus que ce qu'il n'avait strictement requis de moi. « Enfin... c'est possible... » éludai-je, sans l'accepter vraiment, mes yeux fuyant les siens.
« En outre, » dit-il en me relâchant, « tu es restée habillée tout le temps, et être nue dans une voiture aux vitres teintées sur une petite route de campagne ou dans des bois perdus n'est pas chose si osée. Tu sais ce qu'on dit à propos d'un arbre qui s'abat dans la forêt alors que nul n'est là pour l'entendre... » Il avait raison. J'étais courageuse uniquement quand il n'y avait pas de danger. Mais pourtant ça m'avait... excitée.
Je sautillais sur un pied en essayant de le convaincre et de boucler un bracelet autour de ma cheville en même temps. Ça n'a pas marché ; il m'a juste ignorée.
Il me demanda de retirer mes lentilles de contact et d'aller m'allonger sur la table de la salle à manger, puis de l'y attendre. C'est une lourde table de réfectoire en chêne. Le plateau a dix centimètres d'épaisseur et il est taillé d'une seule pièce dans le tronc d'un gros arbre. Étroite et longue, elle pèse une tonne et c'est une belle antiquité. Mon dos la trouva glaciale. Je m'allongeai dessus, jambes jointes, doigts croisés sur le ventre, et j'attendis, comme chez le docteur, les yeux au plafond. Il revint du garage avec une boîte à outils et une corde en nylon souple. Il attacha mes menottes ensemble sous la table avec les coudes rabattus par dessus le rebord. Mes jambes pendaient de part et d'autre du plateau ; elles furent liées de manière similaire, mes pieds étirés jusqu'à presque se rejoindre sous la table par une corde liée à chaque cheville.
J'étais dans une posture fort gênante et disgracieuse. En dépit de la toute récente découverte de mon nouveau s a n g -froid (lire aplomb) intérieur, ma gêne refit surface. En relevant la tête et en prolongeant mon regard au delà de mon corps allongé, je pouvais discerner mon reflet imprécis dans la grande glace installée près du feu. La table était suffisamment large pour que mes jambes fussent bien écartées, et avec mes coudes repliés sous le rebord du plateau, il m'était impossible de me placer dans une position où j'aurais été en mesure de les rassembler - ce que je désirais à tout prix : bien que je sois notoirement amblyope sans mes lentilles, je savais que la vue était outrageusement, mais alors OUTRAGEUSEMENT gênante, et j'étais outrageusement gênée. Je me sentais bien moins vulnérable et exposée devant mon gynéco.
Il se tenait debout derrière ma tête, il fallait donc que je le regarde dans le miroir ou que je tente de soulever mes épaules et de me tourner sur un côté pour voir ce qu'il faisait. Bruits de ferraille. Grattements métalliques et puis sifflement rauque. Dans le miroir, j'en vis suffisamment pour distinguer qu'il avait allumé un chalumeau !! [Après avoir lu ça, il m'a demandé de corriger et d'écrire une lampe à souder à gaz, comme si de tels détails avaient pu influer sur ce que je ressentais alors.]
« Qu'est-ce que tu vas me faire !? » lui criai-je d'une voix brisée, soudain au bord de l'hystérie. Je n'étais pas absolument certaine s'il fallait que je SOIS hystérique ou pas, mais je n'allais pas prétendre exhiber mon s a n g -froid s'il avait fondu.
Il me contempla impassiblement, avec un air que je lui avais déjà vu. « Tu n'as pas encore appris ta leçon, pas vrai ? Tu vas devoir apprendre à me faire confiance, » me dit-il, puis il quitta la pièce.
Je lui fais vraiment confiance, mais doux Jésus, un CHALUMEAU ! C'est un truc VÉRITABLEMENT effrayant. J'avais bien le droit d'être rassurée un minimum, non? Et droit à quelque explication ? Enfin, j'avais déjà eu droit à la seule explication à laquelle je pouvais prétendre : « Tu dois me faire confiance. » Je me raccrochais au fait qu'il semblait beaucoup tenir à ce que je lui accorde ma confiance, car dans ma position il aurait pu me faire tout ce qu'il voulait sans problème.
Il revint avec le bâillon et se mit à côté de ma tête. Il me posa la main sur le menton, en maintenant ma mâchoire inférieure.
« Ouvre la bouche, » comme s'il allait m'administrer une cuillérée d'huile de ricin.
« Non, s'il te plaît, ne fais pas ça. Je ne parlerai pas. » J'étais m o r t e de peur.
« Ouvre la. »
« Mais je... »
Il me posa doucement le bâillon sur les lèvres et attendit, patient et implacable. Qu'est-ce que ça pouvait bien faire ? Personne n'aurait pu m'entendre, de toute façon. Je ne pouvais pas me libérer, je n'avais donc d'autre alternative que de coopérer en étant bâillonnée, ou de juste coopérer. Je le fixai un long moment, quêtant le réconfort dans ses yeux, à nouveau légèrement terrorisée. Imaginez Bambi pris dans le faisceau de vos phares : c'est ainsi que je me sentais. J'ouvris ma bouche en grand, en gardant mes yeux rivés sur les siens. Mes lèvres auraient tremblé si le bâillon ne les avait pas comprimées. Il s'immisça. Il ne s'embêta même pas avec la courroie, cette fois. Je ne pouvais pas l'enlever sans l'aide d'une main libre.
Un petit sac pesant fit un plouf en atterrissant sur la table, tout près de ma tête. Je me tordis et je roulai des yeux pour l'apercevoir, les courroies ouvertes du bâillon bloblotant au passage. Il plia une serviette humide et la déposa sur mon abdomen (des Josef Mengele / opérations / scalpels / Charles Manson / morceaux-de-cadavres-retrouvés-dans-les-bois-par-des-campeurs-hystériques flashèrent dans ma petite cervelle. J'ai une imagination déplorable.), et du sac il déversa un petit amas de chaîne dorée. (Je le lui ai demandé plus tard : c'est juste de l'acier plaqué or ; sans quoi elle eût coûté une petite fortune.) La chaîne était en forme de Y, ses trois parties s'y rejoignaient au centre dans un anneau de trois centimètres de diamètre. Il me souleva le bas du dos et y passa la chaîne, puis il positionna l'anneau entre mes reins.
Je n'avais pas les idées très claires, sinon j'aurais dû être soulagée à la vue des chaînes. Il aurait pu s'agir de sacs-poubelles et d'un couteau de boucher. Enfin, connaissant mon J, je n'aurais pas dû avoir peur, mais mon imagination avait passé la surmultipliée.
Il tira sur les extrémités de la chaîne et les fit se rejoindre. Elles étaient un peu lâches et il les ajusta jusqu'à ce qu'il n'y ait plus le moindre jeu, les rattachant à un maillon ouvert de la même chaîne. Avec une grosse pince, il replia le maillon dans sa forme initiale, et ralluma le chalumeau. Je tordis la tête à gauche et à droite, le surveillant de mes yeux écarquillés.
C'est le bruit qui me faisait sursauter. Je n'avais jamais été aussi près d'un chalumeau, et puis les bruits trop forts me font peur. Il pétaradait et produisait un genre de rugissement sifflant. En fait, il n'était pas tellement bruyant, mais que ce rugissement provienne d'une flamme hyper-chaude n'étais pas fait pour me rassurer, croyez-moi. Oh ! il n'avait pas besoin d'un couteau de boucher, il avait un chalumeau entre ses mains. Je suis une sacrée conne. Je peux le dire, maintenant... Et puis j'étais suspendue au fait qu'il se soucie que je lui fasse confiance, alors même que j'étais totalement impuissante et qu'il n'avait aucune raison de tenir compte de moi. D'une certaine manière, cela impliquait qu'il ne trahirait pas ma confiance.
Il reposa le chalumeau sur le couvercle de sa boîte à outils et interposa deux plaques de bois entre la chaîne et mon ventre, en tirant la chaîne par dessus la serviette. Il étala une matière gluante sur le maillon ouvert. Jusqu'à présent, j'observais chaque détail avec beaucoup d'intérêt. Vous pouvez me croire, je faisais très attention. Mais lorsqu'il se pencha de nouveau avec le chalumeau, je ne pus me f o r c e r à regarder, j'avais si peur d'être brûlée. J'avais juste rentré mon ventre pour mieux prier. J'étais soulagée qu'il s'agisse de la chaîne et pas de moi.
Il ne lui fallut pas plus d'une minute pour en finir. Le bruit du chalumeau s'arrêta net. Pendant un temps, le seul bruit de fond fut celui de mon souffle court s'exhalant bruyamment, haletant par mes narines. Mais je ne ressentais pas la moindre chaleur, sans même parler de brûlure. J'abaissai les yeux : J chassait au loin une âcre fumée à l'aide un vieux magazine. Il prit un coin de la serviette mouillée et en tapota le maillon. Pchhhhhht... En quelques coups le chuintement se tut.
Il put bientôt palper délicatement, puis prendre le maillon entre ses doigts. Je me fatiguais à tenir ma tête en l'air pour mieux voir, mais je ne pus m'empêcher d'être fascinée et horrifiée. Je tentai de le suivre des yeux après qu'il eut éloigné le chalumeau et qu'il fut revenu avec une sorte d'énorme machin du genre pince coupante. Il sectionna les maillons superflus de la chaîne aussi aisément que s'il se fut agi d'une brindille. J'étais munie d'une ceinture sans boucle et soudée.
« Soulève ton derrière, » dit-il. Je le fis.
Il tendit sa main entre mes jambes et tira la troisième longueur de chaîne en direction de mes reins. Je la sentis exercer une traction sur la ceinture dans le dos pendant qu'il la tendait.
Il quitta la pièce à nouveau. Il revint en tenant quelque chose dans une main, mais il se replaça derrière ma tête et je ne pus voir ce que c'était.
Tout en maintenant l'objet caché sous le plateau de la table, il se mit debout d'un côté et se tint là. En m'eff o r ç a nt de soulever mes épaules, je vis qu'il me faisait quelque chose entre mes jambes. Il m'insérait quelque chose dans le vagin ! En me tendant plus encore, je vis du plastique blanc. Je sentais que c'était doux et lubrifié, mais il qu'il m'insérait quelque chose pour de bon ! Je tentais d'y résister en crispant mes muscles et en me tortillant, mais c'était trop glissant et mes jambes étaient bien trop écartées et il insistait bien trop. Ladite chose avait franchi mon péristyle. J'émis des sons par derrière le bâillon. Je ne pouvais l'empêcher d'entrer. Il continua, la glissant plus profondément encore, jusqu'à ce qu'elle soit aussi enfoncée que possible. Elle n'était pas insupportablement énorme, probablement plus petite que celui de J, mais c'était si dur et rigide que je la ressentais comme une énorme intrusion.
Il la retira un peu, puis l'y replongea. Et la ressortit. Bien entendu, il s'agissait d'un gode. Un truc auquel mon esprit du Middle West avait eu quelque problème à s'adapter. J'avais, bien sur, entendu parler d'eux, mais croyez-moi ou pas, je n'en avais jamais vu un en vrai avant ce samedi-là. Où aurais-je bien pu en voir un dans mon trou natal ? Les gens vont à la ville d'à côté pour acheter des capotes. Et les gens de la ville d'à côté viennent chez nous pour acheter les leurs. C'est pas marrant, soit dit en passant. Je vous invite à songer à d'où je viens.
Il le repoussa au dedans, observant mon visage. Il y voyait que je ne réagissais pas sexuellement. Non. C'était trop artificiel, trop pervers pour mon esprit du Middle West. Désolée si je n'ai pas adhéré à la réaction de pute en chaleur que vous aviez espéré de moi, mais c'est comme ça, et toc. Il fit quelque chose avec la chaîne, et boucla son extrémité avec un autre cadenas, encore plus petit et doré que les autres. Bien que très fonctionnel. Mais où donc se procure-t-il tous ces trucs ?
Il revint à ma tête, la souleva gentiment, puis il cadenassa le bâillon. Aussitôt qu'il eut lâché l'engin, je me mis à me tortiller pour essayer de l'expulser. Pas moyen. Puis il me détacha les jambes. Je les élevai au dessus de la table et je les rassemblai délicatement. J'avais un peu plus de liberté de mouvement, mais même, je ne pouvais toujours pas m'en débarrasser. Puis il libéra mes bras. Instantanément, mes mains filèrent entre mes jambes, pour tirer sur la chaîne. À nouveau, pas moyen. J'allais sauter de la table, mais je réalisai vite qu'il fallait que je fasse très attention à mes mouvements. C'était atroce. Ma seule pensée se résumait à : mais que m'a-t-il donc fait ? Mais je le savais déjà. Prudemment, je descendis de la table, et, de mes doigts tremblants, je me palpais pour voir s'il y avait un moyen de me dégager. La chaîne passait dans un anneau au bout de l'... engin. Désolée, mais godemiché sonne si pervers à mes oreilles. Des nazis en chaussettes sales et tout, et tout.
Je fis un pas, pour voir. Je pouvais marcher, mais ni vite ni gracieusement. Je me faufilai doucement vers la chambre pour m'y observer de plus près dans la glace. À nouveau le faciès grotesque, les lèvres étirées, le mascara dégoulinant. Je ne savais pas par quel bout entamer mon angoisse. La chose était un string fait de chaînes. Je me retournai pour jeter un œil par dessus mon épaule. La ceinture était assemblée par un anneau soudé, sis au milieu de mes reins. La chaîne de l'entrejambe était reliée au même anneau. Elle était serrée au creux de ma raie : je la sentais tout contre mon... orifice. [Il est très strict à ce sujet. Anus et trou de cul ne sont pas de mise. Il me fait modifier ce genre de truc tout le temps].
En tirant la chaîne vers le bas, je pouvais l'allonger suffisamment pour... les fonctions corporelles... mais pas assez pour pouvoir retirer l'engin. Pisser devenait potentiellement salissant. La chaîne elle-même est inv i o l able sans les outils appropriés. Qui, bien entendu... sont bouclés dans le garage... faut-il vous faire un dessin ?
Mes mâchoires commençaient à me lancer, je sortis donc pour aller à la recherche de J. Il revint par la porte latérale après avoir rangé les outils et me dit, - comme si tout était parfaitement normal - « enfile tes chaussures et vas faire la vaisselle. »
Il plaisantait ? Faire la vaisselle ? Dans l'état où j'étais ? Je lui fis les yeux ronds et je me remis à pleurer, ce qui ne fit qu'amplifier la douleur. Mais je fis ce qu'il m'avait demandé : enfiler mes talons-aiguilles, tituber jusqu'à la cuisine et me mettre debout face à l'évier en reniflant, avec le mascara dégoulinant sur mes joues et de la bave plein le menton. Et pas moyen d'argumenter. Je terminais la vaisselle, - il n'en avait pas beaucoup - et je revins au salon en chancelant. Il était debout et regardait par la fenêtre. Il se tourna vers moi.
J'étais debout devant lui, les yeux baissés, esclave obéissante jusqu'au bout des ongles, faisant de mon mieux pour jouer mon rôle comme il le désirait.
« Tu commences à comprendre ? » dit-il.
« Ah, » acquiesçai-je d'un air enthousiaste, sans commencer à comprendre.
« On va voir, » dit-il en jetant un œil à sa montre. Il se retourna vers la fenêtre.
J'allais chercher mon collier avec dans l'idée de le mettre, pensant que ça pourrait le convaincre. Bien sûr que non. Je dus attendre. Je restai là, debout, tentant de focaliser mon esprit pour ne pas laisser ma mâchoire s'endolorir. Le second appareil en moi ne me posait pas vraiment problème si je ne me déplaçais qu'un peu. Je n'avais pas encore dû aller pisser. Il alla vers le fauteuil et s'y assit. Je restai là où j'étais, face à la fenêtre, jambes écartées, fixant le sol, en attente.
En dépit de tous mes efforts, le bâillon s'imposait. C'est lui le pire. Je renonçais à empêcher ma salive de couler partout autour, et je la laissais goutter sur moi et jusque par terre. C'est très dur de déglutir avec ce machin ; j'ai l'impression que je pourrais me démettre la mâchoire. Je me maîtrisai autant que je le pus, mais un s a n g lot finit par s'échapper de moi. Enfin, c'est né comme un s a n g lot, mais c'est sorti comme un grincement reniflant. Je l'ai imploré des yeux. Je suis revenue vers lui et je me suis agenouillée à ses pieds en tenant ma mâchoire entre les mains, et ce n'était pas de la frime. Il caressa mes cheveux. Tendrement.
« Tourne-toi, » me dit-il. Je le fis péniblement, toujours à genoux,. Je le sentis m'ôter le cadenas. Mes mains se posèrent sur la boucle de ma nuque en hésitant. Il ne dit rien. Je les ramenai sur les flancs, avec les poings serrés pour tenter de juguler la douleur. Après un temps d'arrêt juste assez long pour que j'admettre avoir reçu un enseignement de plus, il me dit : « enlève-le. » Je le fis. Soulagement.
« Mets-toi debout, » dit-il.
Je me suis relevée en chancelant, mon dos toujours tourné vers lui. Je pensais qu'il allait me retirer l'autre chose aussi, mais il ne me demanda même pas de me retourner. Au lieu de ça, il partit vers la chambre. Je le suivis en silence, sans savoir quoi faire d'autre. En passant devant la psyché, je m'arrêtai. J'offrais un sacré tableau. Le mascara et l'eyeliner mélangés à la salive maculaient mon visage des yeux jusqu'au menton ; ça avait dégouliné sur ma poitrine et jusque sur mes cuisses. J'étais barbouillée de rouge ; sur mon ventre j'avais une tache de ce truc gluant et maronnasse dont il s'était servi pour me souder la chaîne, et mes cheveux encollés par endroits avec d'autres matières poisseuses étaient une gigantesque meule de paille explosée. J'étais debout avec les jambes écartées dans une posture fort peu distinguée. Ma main s'égara sur la chaîne ; je tentai sans conviction de tirer dessus. Aucun espoir. Mes épaules s'affaissèrent. Je vous dis, un vrai naufrage. Et cette chose en moi. Dans le miroir, par dessus mon épaule, je vis qu'il me regardait. Il avait enlevé sa chemise. De mes deux mains, je recouvris ma... nature... et la chose.
« La chaîne autour de ta taille est brasée à l'argent. C'est aussi solide qu'une vraie soudure. Elle est inamovible. » Comme si j'avais pensé le contraire. Ma main retomba. « Viens et déshabille-moi, » dit-il.
C'était quelque chose de nouveau. Rappelez-vous, je ne l'avais pas encore vu tout nu. Je clopinai jusqu'à lui, toujours avec mes mains plaquées sur moi (ne me demandez pas pourquoi, après ce qu'il venait de contempler). Une petite clé en or pendait à son cou. Je me mis à genoux, lui défis sa ceinture, puis son pantalon. Il caressa mes cheveux très doucement, puis me laissa là pour aller s'asseoir sur le lit. Je le rejoignis en marchant à genoux, et j'entrepris de défaire ses chaussures après qu'il se fut allongé. Quand j'en eus fini, je m'accroupis précautionneusement en me recouvrant de mes mains. Sans se relever, il me dit « va faire couler la douche. »
Malgré la vétusté de la maison, la salle de bains de J était vaste et moderne ; un rajout récent, je crois. Elle est bien plus grande que celle de ma chambre. Il y a deux baies vitrées plus une autre dans la douche. La douche est immense, carrelée, avec une porte en verre. Les murs de la salle de bains sont carrelés à mi-hauteur et le reste est stuqué ; il y a une vieille baignoire en fonte à pattes de lion, des toilettes modernes et un lavabo, une petite table et une chaise. Je fis couler l'eau jusqu'à ce qu'elle soit chaude, et je lui annonçai que c'était prêt. Il entra en premier. J'attendis. Il me dit, « enlève tes chaussures et entre là-dedans. » Je le fis, tout en me couvrant le devant. Délicatement, il me lava le visage, la poitrine et le ventre. Je ne pensais pas qu'il puisse être pardonné d'avoir mis cette chose en moi, quelle que soit sa douceur après coup. Je me sentais plutôt confuse, mais j'avais au fond de moi un noyau de rancœur résiduel.
Je me gardais couverte jusqu'au moment où il me tendit le shampoing et que je dusse user de mes mains pour me laver les cheveux. Avec la porte fermée, la douche se transforma vite en bain de vapeur : on y suffoquait presque. Il me demanda de le savonner, mais de fait nous nous astiquâmes l'un l'autre. Après, nous nous enduisîmes du gel-douche auquel j'avais déjà fait allusion plus haut. Vous allez penser que j'ai des actions dans la boîte. Mais c'est un truc super. Nous nous embrassâmes sous la douche avec l'eau, le savon et le gel-douche qui coulaient entre nous, et je le sentis soudain tout dur et tout contre moi. Je me mis à fondre moi aussi, mais cette CHOSE était toujours l'unique objet de ma préoccupation. Je n'allais pas le lui pardonner. Mes yeux étaient posés sur la clé pendue à son cou. Je désirais très fort que cette chose soit hors de moi.
Il m'écarta de la pomme de douche et entreprit de m'étaler du gel sur le devant de mon corps. Il en mit partout, et jusque sur le pourtour de la chose qui était en moi. C'était avilissant qu'il me touche là, dans la situation où je me trouvais. Gênant. Et troublant. Mon cœur se mit à galoper, en partie à cause la chaleur opressante. J'allais m'évanouir. Il me retourna et je plaquai mes mains sur le mur carrelé en écartant les jambes comme pour une fouille à corps. Il me recouvrit les jambes et le dos de gel. Il me massa ensuite des deux côtés, comme il l'avait déjà fait avec le talc. Sa main gauche sur l'endroit lisse et v i o l é par une chose immobile, et l'autre explorant chaque millimètre de mon derrière, se glissant sous la chaîne, se rapprochant pour mieux me tourmenter. À chaque fois qu'il tirait sur la chaîne ou qu'il remuait l'appareil, je ressentais un choc délicieux qui me coupait le souffle, et je faisais un petit « honh ! » Sa main droit s'insinua sous la chaîne, à l'arrière, et tira sur l'engin. Comme déjà plut tôt, je mourais d'envie qu'il me pénètre là. N'importe où. J'enserrai son doigt de mes deux fesses.
Il me hissa à la verticale en m'écartant du mur et maintint mon corps tout tremblant contre le sien, avec son érection poussant contre ma fente postérieure. Il me glissa dans le creux de l'oreille, par dessus mon épaule, « tu aimes ça ? »
« Mmmm, » dis-je, sans vouloir l'admettre, et incapable de dire non.
Il me remit en position contre le mur. Pendant qu'il manipulait l'engin lentement de sa main gauche, un des doigts de sa droite caressait mes arrières, aux confins de la pénétration. Il me reposa la question.
« Oh ! » dis-je, en me tortillant contre sa main, espérant qu'il aurait compris le message. Une chose très audacieuse pour une fille du Middle West.
« Dis-le, » ajouta-t-il, « dis-moi ce que tu veux, » en me pénétrant d'un demi-pouce et tout en continuant à me tripoter.
« Tu ne pourrais pas le dire toi ? » couinai-je.
« Dis-le, » répéta-t-il, en retirant son demi-pouce.
« Oui, » soupirai-je en laissant pendre ma tête entre mes bras. En baissant les yeux, je pouvais voir que sa main gauche me caressait l'entrejambe, et que sa droite était toute prête à me pénétrer.
« Plus fort, » dit-il, « dis-moi ce que tu veux. Tu dois me le dire. » Il continuait à me tourmenter, me caresser et me tripoter. Mes genoux faisaient presque une boucle.
« Je te veux dans moi, » bramai-je. « Je veux que tu me remplisses. » Ma voix se brisa. Avec l'eau, la vapeur, la sueur et le gel, il ne pouvait pas s'apercevoir que je pleurais. Je ne suis pas certaine d'avoir réellement pleuré, mais j'en avais l'envie. Ou, du moins j'essayais. Je sentais que j'aurais dû.
« Où ? » dit-il en insistant.
« N'importe où, » s a n g lotai-je. « Où tu voudras. Je t'en supplie ! »
« Couvre-moi de gel. » Je le fis avec les mains tremblantes. J'en couvris sa poitrine. La clé n'y était plus. Dans sa main, peut-être ? Quand j'en arrivai à ses jambes, je me mis à genoux et je caressai son membre érigé par dessous et jusque par derrière, et jusque là où il venait juste de (quasiment) me pénétrer. Je n'avais jamais fait cela. Je l'enduisis totalement. Il me guida la bouche vers lui. Le gel avait un goût atroce. Je le rinçai, puis je tentai de le prendre tout entier en bouche ; je me mis à coulisser d'avant en arrière. Je n'avais jamais fait cela à personne d'autre. Je n'avais jamais vraiment voulu le faire, même pour J, bien que je le fisse maintenant. Mais je pense toujours que c'est tellement peu ... enfin, quoi... hygiénique.
Cependant, la propreté de la douche me rendit la chose plus acceptable, cette fois-ci. Je continuais à le caresser d'une main, alors que mon autre rampait à la rencontre de cette chose en moi. Je me masturbai en présence de quelqu'un d'autre pour la première fois de ma vie, bien que la chose introduite en moi fasse quelque peu obstacle. Je crois que l'idée que la pénétration est indispensable à l'orgasme féminin est l'un des grands mythes masculins. C'est faux. Mais il m'est très agréable d'être pénétrée tout en jouissant. Ceci dit j'étais bien trop absorbée pour me rendre compte de ce qui m'arrivait. Je crois qu'il va découvrir tout ça en me relisant. Sans raison apparente, il s'arrêta et me demanda de me relever juste avant que je ne parvienne à l'orgasme.
Il réduisit le jet de la douche à une petite brume aussi douillettement chaude que possible, et la vapeur diminua suffisamment pour que nous puissions tous deux reprendre notre souffle. Il défit la chaîne de ma taille, et, en maintenant la tension sur l'extrémité libre d'une main, il tira lentement sur la chaîne par l'arrière avec l'autre main jusqu'à ce qu'elle libère l'anneau de l'appareil, maillon après maillon, en grinçant, frottant sur mes deux ouvertures à la fois. Je fus plusieurs fois pincée, assez pour me faire hoqueter, mais il me dévisageait de si près et tirait sur la chaîne si lentement et prudemment qu'il en contrôlait chaque pincement, chaque nuance de mes sensations. À chaque fois que ça pinçait, il ralentissait encore pour laisser la douleur se muer en quasi-plaisir.
Après que la chaîne me fut retirée, je me retrouvais pantelante, et presque en état d'hyper ventilation. Il laissa la chaîne se balancer le long de la ceinture, mais il maintint la chose en moi d'une main. Tout doucement, il la retira.
« Vite ! » hurlai-je. « S'il te plaît ! » J'avais envie d'abaisser les mains et de me l'enlever.
Mais il continuait à l'actionner et à caresser mes deux ouvertures. Son autre main, lubrifiée par le gel, me travaillait le derrière, le pénétrant légèrement, s'interrompant, puis le pénétrant à nouveau un peu plus à chaque fois, pendant que la chose continuait son ouvrage par devant. Finalement, il retira l'engin d'un seul coup et il me mit à me travailler de sa main. J'allais avoir un orgasme, et je ne parvenais plus à me tenir debout. Je m'effondrai un peu ; il me soutint en me tenant par les deux côtés de mon entrejambe épilé, comme s'il pour me bercer entre ses mains, alors que je tombais sur mes genoux.
Les mains toujours au mur, j'étais agenouillée et ses doigts se remirent à l'œuvre. Finalement, un de ses doigts me pénétra entièrement par derrière. Je me contractai en me pressant tout contre lui, mais il insistait, continuant à me sonder et à me stimuler. Je n'en pouvais plus, et je commençai à me contracter des deux ouvertures pour contrer l'assaut de ses doigts. Je n'arrivais pas à jouir. Je devins de plus en plus frénétique et convulsée. J'étais si près du but. Son doigt postérieur m'abandonna. Puis il revint, mais ce n'était pas son doigt.
C'était chaud ; je pensai tout d'abord qu'il s'agissait son membre en érection, et je fis en sorte de me détendre pour l'accueillir. Mais non. Il m'insérait l'engin, encore tiède de ma propre chaleur, et cette fois il tâtonnait pour trouver mon ouverture postérieure et, avec l'aide de Dieu, je me relâchai et m'ouvris plus grande pour l'aider, bien que je sache ce que c'était. Je l'admets maintenant, je prétendis que je n'avais de prime abord qu'à demi-cru que c'était lui qui entrait en moi et non cette... chose. Toutefois, quand il fut tout à fait au fond, je me rebiffai. Il me distendait trop fort. J'essayais de le repousser, de l'expulser, n'importe quoi mais m'en débarrasser. Mais je ne pouvais pas. Il retint la chaîne d'une main alors que je tentais de ramper au loin, et me mit à plat ventre de f o r c e sur le sol de la salle de bains. Je glissais en avant sur le ventre en me tortillant dans tous les sens, mais je butais contre le mur de la douche ; avec ma tête tournée sur le côté et une joue sur le carrelage, je ne pouvais aller plus loin.
Lentement, doucement et inexorablement, il continuait.
Je sentais qu'il était énorme. Je ne sais pas si on vous a déjà fait ça, mais cette première fois me causa un certain choc. Je savais, par la façon dont je l'avais senti dans mon vagin, qu'il était plus petit qu'il n'en avait l'air, mais il était si dur, si rigide. Il me distendait terriblement, et il semblait tellement plus gros que dans mon autre orifice. Le gel le lubrifiait encore, mais, même de très loin, je n'avais jamais fait un truc pareil.
Ça m'obligeait à m'ouvrir, ça me v i o l ait, m'emplissant encore plus alors que j'étais déjà si pleine. J'était prête à exploser, dans tous les sens du terme. Je le suppliai de s'arrêter. Je ne sais pas s'il l'aurait fait, si j'avais été plus sincère. Je me sentais pas mal sincère. Il y avait encore en moi une petite part de curiosité et d'excitation, mais ce n'était qu'une toute petite part.
Je lui dis que j'étais prête à faire n'importe quoi pourvu qu'il me le retire, mais finalement, plutôt que de lutter contre, je me mis à le trouver moins douloureux, ou bien que je le tolérais mieux, - une de ces deux idées, en tout cas - si je me détendais pour coopérer avec J. Et ça continuait. Et, en me relâchant, je me sentis tout simplement emplie et pénétrée. J'arrivais à l'accepter et à me couler dans la sensation, si ce n'est d'y prendre plaisir. Il fut si prévenant que je me sentis mieux. Bien mieux. Finalement, je me frottai le ventre contre le sol de la douche, tentant désespérément d'atteindre mon orgasme.
« Remets-toi à genoux, » me dit-il. J'eus bien de la peine à le faire, mais quand j'y parvins enfin, l'appareil continua sa pénétration jusqu'à ce qu'elle fût totale. Ma main revint brièvement à mon entrejambe, peut-être pour me masturber encore, peut-être aussi pour sentir ce qu'il m'avait fait, je n'en suis plus très sûre. Un peu des deux. Il me demanda de garder les mains au sol. Je le sentis passer la chaîne dans l'anneau à l'extrémité de la chose.
« Mets-toi à cheval sur moi, » dit-il en s'allongeant sur le dos et en se glissant sous moi. Il tenait le bout de la chaîne par dessous en retenant la chose au fond de moi, alors que je passais mes jambes par dessus ses hanches et que je me m'installais à califourchon sur lui, sans toutefois placer son érection en moi. Très lentement, il me retira la chaîne une fois encore en la faisant glisser entre mes lèvres gonflées, en laissant chaque maillon cliqueter sur l'anneau de l'appareil. En même temps il me caressait par devant. C'était dément. Quand la chaîne fut extraite, je ne pus me résoudre à patienter plus longtemps et je descendis sur lui pour l'englober, le poussant profondément en moi d'un seul mouvement coulé.
J'étais couchée sur lui, le plongeant frénétiquement en moi, me broyant contre lui. Il me laissait faire tout le travail. L'eau de la pomme de douche tombait sur nous et dégoulinait de mes épaules à mes genoux ; le bout de la chaîne se balançait entre mes jambes en cliquetant sur le carrelage. Il saisit l'anneau à la base de la chose protubérante, et commença à pomper en douceur en rythme avec mes propres mouvements. Il capta le tempo graduellement, poussant avec ses hanches. Je ne suis pas très bruyante en temps normal, mais là, mes ululements et mon halètement résonnèrent dans la douche, et je fus tout d'abord tentée de pousser le jeu un peu plus, mais au moment même où j'approchais de mon premier orgasme, - qui commença dès qu'il eût commencé à remuer ses hanches - je me mis à crier pour de bon. Sur les carreaux de la douche, mes cris me semblèrent encore plus forts.
Mon deuxième orgasme survint presque tout de suite après - une longue et frissonnante continuation du premier. Être pénétrée deux fois et de cette manière, c'est quelque chose d'indescriptible. Quand il atteignit son orgasme, et moi mon troisième, j'ai songé au fait que je venais de jouir dans chaque trou. Est-il donc possible d'avoir un triple orgasme simultané ? C'est un peu comme une de ces figures qu'exécutent les patineurs ou les plongeurs olympiques. Bon, je ne sais pas ce qu'en disent les spécialistes, mais je crois bien qu'on a obtenu rien que des 10, et même de la part du juge Est-Allemand...
Après mon troisième orgasme, je restais allongée là, incapable de me mouvoir, pantelante, avec le bruit de l'eau qui me chuintait dans les oreilles. Il commença à me retirer la chose. Immédiatement, j'eus un hoquet et je réagis par un quatrième orgasme convulsif, au delà de tout contrôle. Il dura tout le temps qu'il prit à se glisser au dehors. Il me torturait. Il tirait un petit peu dessus et secouait ses hanches, et je ne pus m'en empêcher ; j'étais prise de spasmes et de convulsions au moindre de ses mouvements. J'étais absolument épuisée, incapable même de fléchir mes cuisses comme je le fais normalement quand je jouis. Faiblement, j'essayais de lui dire plus jamais ça, mais j'étais trop affaiblie pour l'exprimer à cause mes spasmes. Ça fit juste un Hon en franchissant mes lèvres.
Enfin, je sentis avec gratitude le reste de la chose glisser hors de moi. Je me sentis rétrécir jusqu'à la normale et, trop faible même pour palpiter en réponse à sa stimulation finale, je vins à bout de mon dernier orgasme.
Quand j'eus suffisamment récupéré pour supporter d'être bougée, il m'aida à me remettre sur le dos et, une fois de plus, il me lava. Il coupa l'eau et s'agenouilla près de moi. J'étais allongée sur le dos quand le dernier fond d'eau gargouilla dans la bonde, tout à côté de moi. La douche était redevenue silencieuse, hormis pour quelques gouttes qui tombaient encore. Je vous jure que je ne pouvais pas remuer d'un pouce. J'étais là, comme une flaque de gelée toute rose alors qu'il m'étalait encore plein de gel sur ma peau rougie. À nouveau, il m'enduisit entièrement, n'omettant rien, pas le moindre repli, des orteils jusqu'à la naissance des cheveux. Puis il me remit en position assise. La vapeur était quelque peu retombée quand il ouvrit la porte de la douche ; l'air froid remplaça la chaleur, mais j'étais toujours incapable de me mouvoir. J'étais assise, les yeux clos, la tête en arrière, appuyée contre le mur de la douche, incapable de me redresser. En me passant ses mains sous les aisselles, il me releva. Je ne pouvais me tenir debout. Enfin, j'aurais probablement pu, mais j'étais vraiment chancelante. Il m'appuya contre le mur de la douche ; ma chaîne avait glissé sur le côté et sa partie libre se balançait sur ma hanche. En me laissant s'effondrer dans ses bras, il me porta dans la chambre et m'assit sur le rebord du lit. Je me laissai immédiatement tomber lourdement sur le dos.
Pendant que j'étais couchée là, il entreprit de me sécher, non pas à l'aide d'une serviette, mais au sèche-cheveux. Je me souviens vaguement avoir pensé que c'était bizarre, mais je n'ai rien dit. Le bruit de la machine couvrait tout de son bourdonnement, et je partis à la dérive vers le sommeil. La dernière chose que je me rappelle, c'est d'avoir été doucement retournée, et la sensation de ses doigts dans mes cheveux quand il a commencé à les sécher.
Quand je m'éveillai, il faisait noir. Je dérivais en sens inverse pour retrouver mes sens : je n'ai pas le sommeil très profond quand je sieste dans l'après-midi. Il m'avait recouverte d'une couette, et j'étais nue sous le coton tout doux. Ma peau était incroyablement douce : j'avais l'impression d'être couverte de satin partout. D'avoir été séchée à l'air chaud m'avait tout enrobée de gel. Je ne peux décrire le sentiment jouissif de s'éveiller ainsi, absolument crissante de propreté tout partout, chaude, sèche, d'une douceur lisse et satinée, les muscles un peu douloureux, comme si j'étais sortie d'une séance d'entraînement au club de gym... le paradis.
Je pris plus de temps qu'il n'en faut pour me lever, en me dorlotant dans le doux luxe du lit, à me remémorer les heures précédentes. Je ressentis un picotement d'excitation à laisser mon esprit errer nonchalamment sur ce qu'il venait de me faire. Non. Je ne le pourrais plus, pensai-je. Pas ce soir, quoi qu'il en soit. En aucune façon. Absolument, positivement... probablement... pas.
Je me suis redressée lentement, d'abord en m'étirant, puis je me suis assise au bord du lit et j'ai rassemblé mes pensées. J'ai entendu des bruits à la cuisine. Il bricolait un truc à manger.
Il m'avait réduite à une flaque de protoplasme surexcité, il m'avait avilie, humiliée, et il m'avait fait admettre que j'en avais envie. Et puis il avait fait un autre travail d'orfèvre en me ramenant à moi après coup. La seule chose qu'il fasse mieux qu'une blessure, c'est le pansement.
Je me levais pour m'observer dans la glace. J'étais plutôt pas mal. Un peu pâle, peut-être. J'avais l'air (et je me sentais) comme une des victimes de Dracula : pâle, faible, usée, du genre éthéré, mais je n'avais pas l'air fatigué. Et mes cheveux formaient un nuage colossal et crépu sur ma tête ; de les avoir séchés sans les brosser avait créé une boule rêche à l'afro. Et pourtant, j'avais l'air super. Même sans maquillage. Il avait rebouclé la chaîne, mais cette fois sans rien me mettre en moi. Ça faisait vachement bien, aussi.
La tenue en coton blanc très ajustée était étalée sur le lit. Je l'enfilai par dessus la chaîne, passai des sandales aux pieds, et j'en vérifiai l'effet dans la glace. Je déambulai, presque en état de rêve, jusqu'à ma chambre pour y chercher mon petit collier en or, et la sensation du coton propre et doux sur ma peau satinée était titillamment jouissive. Sérieusement, ce gel conditionneur est un truc génial si l'on sait en a b u s e r à bon escient.
[Une Note venant du Futur :
[Grâce au miracle du traitement de texte, vous pouvez vous projeter dans le temps directement à la fin de ce récit ; cela fait un mois que ça dure, maintenant, bien qu'il me semble que ça fasse une vie. Après m'être relue, je me rends compte que c'est là que tout a basculé. Inconsciemment (peut-être pas si inconsciemment que ça) j'avais décidé au moment précis que vous venez de lire que j'en voulais... enfin quoi... encore plus. De temps à autre, nous avons continué à faire l'amour d'une façon que je qualifierai de normale. Mais je sais bien maintenant que cette façon de faire l'amour me laissait insatisfaite. Il y avait eu deux années de sexe normal avant que nous quittions Chicago. Je pensais y avoir pris plaisir. Ce fut le cas. Je suis sûre que ce fut le cas. Il était un amant sensible et prévenant, et un merveilleux compagnon dans la vie de tous les jours. En fait, j'avais plusieurs orgasmes quasiment à chaque fois que nous faisions l'amour. Un record pas si risible que ça si l'on en croit la presse féminine.
[Mais s'il me fallait revivre ces journées maintenant, ça serait comme un régime de riz au lait après avoir pris goût au steak tartare. J m'avait aiguillé sur une voie dont je sais maintenant qu'elle est à sens unique, bien qu'alors j'étais certaine que je pouvais - voulais - tout arrêter et revenir en arrière. Graduellement, et par petits pas très chorégraphiés, il me f o r ç a (guida ?) tout d'abord à me faire reconnaître que j'étais fascinée et émoustillée comme une écolière dissipée par les choses qu'il me faisait, et ensuite à les aimer, de façon à ce que je doive me justifier en prétendant qu'il s'agissait simplement de sexe sophistiqué. Mais je suis parvenue bien au-delà de tout ça. Je reconnais avoir un besoin proche de l'addiction. J'ai lutté contre, pour en être sûre, mais j'ai lutté surtout parce que la résistance fait partie du processus plutôt que d'être une tentative pour en en venir à bout. Il y a quelques jours j'ai voulu lui donner mon absolue et totale acceptation de son contrôle sur moi. Du moins jusqu'à nouvel ordre.
[Ce week-end il y a un mois n'était que le premier pas vacillant d'un bébé dans les bois. Un bébé avec un long chemin à parcourir.
[Le mot esclave sonne si théâtral et si faux, et presque toute la littérature sur le B/D, S/M, etc. que j'ai lu depuis le fait sonner si puéril et sinistrement terrifiant à la fois et, enfin quoi... pornographique, et autant je me refuse à être assimilée avec ce genre de mode de vie, il faut que je vous dise : si je ne fus pas une esclave au sens littéral du terme (c'est-à-dire, une bonniche, ce que je ne suis pas), je fus pour le moins une Accro auto-avouée, volontaire et incurable. Je veux (et voulais) plonger là-dedans la tête en premier, oublier toute prudence et devenir la propriété d'autrui. Je voulais savoir ce que cela faisait que tout abandonner pour cela. N'y a-t-il donc pas une sorte de liberté à tout abandonner ?
[Mais pourtant il y avait un ver assoupi, tapi à la base de mon addiction, et alors que cette addiction se métamorphosait en mode de vie, le ver vint à s'éveiller, et une dualité se développa au sein de ma personnalité. J'ai réagi aux événements que vous venez juste de lire (et à d'autres similaires) de deux façons mutuellement contradictoires ; je voulais une revanche, et je voulais me soumettre. J'en désirais encore plus, de ce traitement dégradant auquel j'avais eu droit ; j'étais fâchée du fait qu'il ne puisse se prolonger - puisque J s'en tient résolument à la limite d'un mois de temps. Puisque la Liste était un contrat, elle me donnait droit à une revanche équivalente, et plus il me ferait de choses, plus douce serait ma vengeance, je pensais. Mais je désirais le traitement auquel j'avais droit, aussi. J'ai fini par en mendier plus et, au final, la revanche ne fut plus ma préoccupation première. Elle ne l'aurait peut-être jamais été si J n'avait pas arrêté la Colonne Un de lui-même. J'aurais outrepassé la Liste, et je l'aurais outrepassée aussi longtemps que J l'aurait désiré. En fin de compte j'avais envie d'aller plus loin que lui. Je crois que ça l'a troublé, comme s'il avait créé un monstre.
[Et il l'avait créé. Je m'étais dit que mon motif de revanche était qu'il me rembourse pour ce qu'il m'avait fait. Je m'étais bernée. Ça s'est fini avec moi comme une sale mioche, désirant le punir pour s'être ainsi arrêté, en réalité parce qu'il s'en était tenu au contrat. Si jamais j'arrive au bout de tout ça (Colonne Deux), je le punirais autant pour s'être arrêté que pour ce qu'il m'a fait avant de mettre un terme à la Colonne Un.
[En écrivant ces mots je suis parvenue au moment où je dois me décider à aller encore plus loin ou pas ; j'ai relu les parties les plus anciennes de ce récit pour m'aider à me décider (et aussi parce que ça m'allume de le relire), mais je saisis cette occasion pour vous mettre un peu au courant, afin que vous compreniez mieux ce qui va suivre, du moins tant que je pourrais comprendre moi-même. La plupart des justifications, des excuses, et des explications de que vous allez lire vous pèseront autant que le tombereau pour un bœuf : l'auto-justification superficielle d'une fille pudibonde de l'Indiana du sud qui comprends moins ses motivations profondes qu'une chienne en chaleur. Vous, habitués de l'ASB (oui, je suis une lectrice d'ASB maintenant, dans le futur), vous comprendrez ma désillusion et ma déception. Vous êtes probablement là depuis plus longtemps que moi). Oh ! les faits sont patents ; ce que vous lisez n'est pas une fiction : c'est arrivé tel que c'est écrit. Théâtralement embelli, certes, et les dialogues ne sont peut-être pas textuels, mais tout est fondamentalement vrai, cependant. Mais les commentaires psychologiques ne sont, pour la plupart, rien d'autre que les illusions d'une mentalité d'écolière qui s'est sentie bien plus en sécurité en s'ancrant fermement dans les bêtises de l'a d o l e s c e n c e qu'en se lançant dans les eaux troubles de l'introspection et de la croissance. Comme si j'avais eu le droit de m'arrêter de grandir après mes années de lycée.
[Mais d'un autre côté, j'en tire un bénéfice : maintenant, je suis une personne différente, en déroulant cette petite fable à l'envers, et j'en connais le dénouement, ou, du moins, je sais comment s'achève la Colonne Un. Cette dualité qui s'est développée en moi signifie qu'il existe deux fils conducteurs : ils semblent incompatibles, mais croyez-moi : j'étais - et je suis - sienne. Il me possède complètement. MAIS. Puisqu'il insiste pour en finir avec son tour, j'ai envie que mon tour vienne, moi aussi. Je suis tentée. Je suis sûre que je serais bonne en dominatrice - dans un sens technique. Peut-être même meilleure que J.
[Après tout, je suis une infirmière diplômée.
[C'est un sacré dilemme : je ne veux changer ni son statut ni le mien. Intervertir les rôles pourrait détruire l'image que j'ai de lui en tant que dominant et je ne suis pas sûre de vouloir le faire. Mais j'ai une option, grâce à notre accord au sujet de la Liste.
[En tout cas, ce moment précis de la narration forma le point d'appui sur lequel se basèrent tous les événements ultérieurs, et les embranchements qui m'amenèrent à mon indécision actuelle. Passé ce point, et aussi précisément que je puisse l'estimer, je n'eus plus envie de revenir en arrière, je n'eus plus le désir de me défaire de mon nouveau psychisme. Encore un autre cliché, mais je crois m'être découverte. Je déteste quand on peut tout réduire à une formule et que cette formule se révèle être un cliché.
LA LISTE ( SUITE 4 )
Le jour suivant - dimanche - , nous sommes allés à la salle de gym. Il avait choisi mon vieux body de danse dans mes bagages, avec des shorts à porter par dessus pour cacher mes chaînes qui auraient fait des bosses, autrement. Il n'y a pas grand-chose à relater, et en plus je n'ai pas beaucoup de temps parce qu'il faut que je me prépare pour aller à San Francisco. J m'enverra faire des courses demain, et nous partirons le jour d'après. Aujourd'hui, je dois me réépiler.
Donc, un petit mot sur le club de gym. Les bancs de musculation sont sur deux rangées parallèles. Nous les avons descendus côte à côte, chacun pompant sur ses haltères ; il m'épuisa totalement. Quand j'eus fini mon rang, j'étais en sueur, et il me fit monter sur le tapis roulant avec lui. Je pensais en avoir fini, mais nous fîmes une autre tournée d'haltères. Arrivée là, j'étais absolument trempée de sueur, les cheveux collés au crâne et mon justaucorps à la peau. Il avait fait exprès de m'exténuer.
Il faut que je me fasse un programme régulier d'exercices.
Nous sommes revenus à la maison et nous avons pris une douche ensemble, mais sans galipettes. J'avais enfilé un de ces T-shirts du genre marcel, qui était bien plus confortable que tout ce que j'avais d'autre. Il voulait parler, et il voulait que je sois détendue. Après manger, épuisée et avec deux verres de vin dans le s a n g , j'ai tendance à somnoler. Il m'assit dans le sofa (il faut que je m'asseye délicatement ces jours-ci, et que j'arrange ma chaîne pour l'empêcher de me comprimer le coccyx. C'est un problème, particulièrement sur les bancs de musculation. Le vélo d'appartement est hors de propos.
« Je veux que tu comprennes quelque chose clairement, » dit-il. « je vais continuer comme j'ai commencé. À la fin du mois je te possèderai comme si tu étais un de mes biens propres. Tout ce que je fais tend vers ce but. Je ne vais pas te demander d'aimer ce que je fais, mais je te demande d'être honnête en t'ordonnant de me répondre : veux-tu être possédée de cette manière ? Tu ne me l'as pas encore dit. »
Je ne savais pas quoi lui répondre. Sur un certain plan, toutes ces formalités sonnaient comme j'avais toujours imaginé qu'un film porno de série Z devait sonner. Il s'exprimait de nouveau comme s'il lisait un scénario. Mais la réalité était si... enfin, la réalité, c'était ce qui se passait dans ma tête et c'était pas de la série Z. Et même, JE dois avouer que les dernières répliques du dialogue sont dignes d'une série Z, mais c'est ce qu'il dit, en fait, plus ou moins, et c'est donc ce que j'ai écrit. Je me demande s'il avait répété avant.
J'adoptai à mon tour une manière de conversation tout aussi formelle qu'artificielle. Je lui dis que j'aimais l'idée de lui appartenir, que je désirais cela, mais que les choses qu'il m'avait faites étaient de trop pour moi. Il me faudrait du temps pour m'y habituer. C'était trop neuf. Un auditeur anonyme aurait pensé que nous étions de bien piètres acteurs.
« Tu comprends bien que ça ne changera rien à ce que je te ferais, » dit-il.
« Et que vas-tu donc me faire ? » lui demandai-je, soudainement soupçonneuse. J'avais l'impression qu'il me préparait un coup fourré.
« Tu le sais déjà : je vais te faire mienne. »
« Je veux dire : quelles choses vas-tu me faire ? Précisément. »
« Tu as la Liste. Et au delà de ça il te faudra vivre sans savoir. »
-*-
Cette première semaine fut très intense pour moi. Je crois que si j'avais dû affronter de nouvelles expériences sexuelles à ce rythme pendant plus longtemps, j'aurais été incapable de continuer. Mais ça s'est calmé la semaine d'après, et J n'introduisit plus rien de neuf dans ma vie, sinon des variations sur des thèmes déjà bien établis par lui.
Une fois, il m'attacha, bâillonnée et immobilisée dans un fauteuil en bois, de manière à ce que je ne puisse plus rien bouger d'autre que ma tête ; il me tourmenta sans pitié avec des plumes et avec ses doigts jusqu'à ce que je sois à bout. À la fin, derrière le bâillon, il ne pouvait plus discerner si je pleurais ou si je riais. Je ne pouvais ni l'un ni l'autre.
Et une autre fois il me suspendit par les chevilles, jambes écartées et les poignets attachés aux anneaux du plafond ; j'étais donc pliée en deux, les yeux rivés sur mon entrejambe (je suis plutôt souple, yoga et tout et tout). Mon derrière reposait juste assez sur le lit pour alléger la traction sur mes bras et je fus condamnée à regarder sans pouvoir l'empêcher de me mettre... des choses... dans moi. Je n'avais nul autre choix que de voir.
Je commence à m'accommoder de cette attitude plus libre et cosmopolite envers le sexe. IL S'AGIT bel et bien de sexe, même quand il me regarde simplement marcher autour de la maison vêtue de mes chaînes et de rien d'autre. Je sais bien que ça n'en a pas l'air, mais les contraintes et les ordres m'allument illico.
Une chose nouvelle survint, cependant. Il m'a dit avoir été totalement charmé par ma tentative inepte de strip-tease, et il me demanda si je voulais bien, pour lui plaire, en apprendre les mouvements. Je lui répondis que oui, et le lundi soir, il revint avec quatre cassettes vidéo : trois films X avec des strip-teaseuses professionnelles qui faisaient leur truc, et une cassette du genre cent trucs pour... avec des cours de danse du ventre. J'ai fait mes exercices. Pas le machin-chose à pompons tournoyants avec des titres du genre Pang-Pang et Les Seins Chéris (par Bang-Bang-Ladesh ou Lolo-Lita), mais des trucs plus chics. Je me sens débile quand je suis seule à la maison à me tortiller des fesses sur le divan en me déhanchant, en frétillant de la poitrine et en épluchant mes vêtements trop lentement, mais là, en ce moment précis, je me sentirais encore bien plus conne s'il me regardait. Bientôt peut-être, je serais capable de lui faire mon numéro. La danse du ventre est bien plus drôle et stimulante à apprendre. Et qui requiert bien plus de coordination qu'on ne le pense.
Ce dimanche soir, donc, j'étais écartelée sur le lit, les yeux bandés et bâillonnée, - mais pas avec cet horrible bâillon en forme de boule, qu'il utilise exclusivement comme punition - , et il me tourmentait avec des glaçons à demi-fondus. Alors qu'il me rendait folle en ce faisant, il me susurra à l'oreille que le moment viendrait - avant d'arriver la fin de la Liste - où il me ferait vraiment esclave, et où je l'appellerai volontairement « maître. » Il savait que je n'étais pas encore prête, mais il me demanda de réfléchir, - comme pour un exercice, une fois par jour - aux circonstances qu'il faudrait pour y parvenir. Il savait d'instinct que j'allais associer ce mot avec le genre de scénarios sado-masos qui m'avaient déjà fait éclater de rire (à mon immédiat regret). Il savait que je n'étais pas assez profondément impliquée pour user d'un tel mot en le pensant vraiment, même dans le contexte limité de la Liste. Mais ce qu'il me dit fut bien enregistré. J'y repense encore. Je fantasme sur les circonstances dans lesquelles je pourrais prononcer ce mot, mais je ne suis toujours pas capable de le dire sans le penser un tantinet ridicule, comme pour des nazis poussiéreux des chaussettes.
Je n'ai pas encore abordé un autre aspect des choses : les limitations fixées par la Liste. Bien entendu, il ne ferait rien qui ne soit pas sur la Liste, mais il y a une sacrée latitude sur LA Façon dont il fait ce qui EST marqué dessus. (Vous êtes témoins de la façon dont il m'a mis la chaîne : ce chalumeau était vraiment effrayant.) C'est dans cette zone d'ombre qu'il me faut lui faire confiance pour être assez sensible pour approcher - et même dépasser - mes limites verbalement admises sans toutefois dépasser mon seuil réel. Je commence à comprendre que cela implique d'avoir une sensibilité exacerbée. Et dire que je pensais alors que l'exigence première de la personne dominante dans ce type de relation soit qu'il/elle soit Insensible.
L'autre limitation de la Liste porte sur le long terme. Nous avions convenu d'une stricte limitation à quatre semaines pour chacune des colonnes. On a l'air d'une paire d'avocats d'affaires, je sais, mais nous avions décidé que ça ne pouvait pas être plus court et rester encore significatif : je voulais me sentir plonger dans quelque chose de sérieux. D'une manière ou d'une autre, dans mes fantasmes à ce propos, il s'agissait d'une affaire sérieuse et pas d'un jeu. Et puis, une limite temporelle stricte me donne quelque chose à quoi me raccrocher comme « sortie » sans laisser la possibilité d'interrompre le processus de façon frivole. Il est rassurant de savoir qu'il n'y a rien sur la Liste qui puisse m'occasionner de dégâts psychologiques, mais je sais aussi que l'inconfort cumulé de ce bâillon (qui est de loin le pire) en rajoute dans la douleur présente, et je lui fais confiance pour qu'il n'exagère pas. À un point donné, il faut faire confiance, je crois.
Nous partons pour San Francisco demain.
-*-
Voilà, nous sommes de retour de San Francisco et j'ai une histoire à vous narrer. C'est samedi matin et nous sommes rentrés tard hier soir.
Il avait dû m'enlever la chaîne pour le voyage en avion et, quelques instants durant, ça m'a fait bizarre d'être sans elle. Pas nue, exactement, mais comme s'il manquait quelque chose. Il me fit porter ma robe en tricot moulante avec rien par dessous, et quand nous fûmes en l'air, il ouvrit son bagage à main pour en extraire un collier qu'il me demanda d'aller mettre sous le col roulé de ma robe, aux toilettes. Je n'aurais pas pu porter ma chaîne sous le portique-détecteur sans le déclencher, bien qu'il m'ait dit avoir songé à me le faire et à laisser la policière me fouiller, rien que pour voir pourquoi ça avait sonné. C'eut été franchir la ligne entre la gêne privée et l'humiliation publique, je crois. Et pourtant, que pouvaient-ils faire ? M'arrêter pour trafic de chaînes ?
Quand nous fûmes rendus à notre chambre d'hôtel (c'était plutôt cool : elle était payée par quelqu'un d'autre), il me remit la chaîne en place, en bouclant ses trois extrémités avec le petit cadenas, cette fois-ci. J'aurais pu porter la chaîne dans l'avion, je crois, mais on aurait pu la voir au travers des mailles de la robe, même avec une ceinture pour la cacher. Vous pouvez me croire, cette robe épouse les formes partout et de très près.
Le voyage en avion fut sans histoires. Après notre arrivée à l'aéroport, avons loué une voiture, puis il est parti à sa réunion. J'eus quelques heures de quasi-liberté pour faire un tour en ville et acheter à manger avant d'aller le récupérer. Je portais un jean et un pull, ma chaîne n'était donc pas visible. Ce soir-là, , avec à nouveau la robe, le collier et sans ma chaîne, nous sommes allés à Sausalito, où nous nous sommes fait une bonne petite bouffe dans un restau tranquille, situé pile au dessus de l'eau. Nous fîmes l'amour cette nuit-là et ce fut super, bien que seulement super. Je n'avais que le collier sur moi ; quoi qu'il en soit, une chambre d'hôtel, aussi luxueuse soit-elle, n'est tout simplement pas le bon cadre. Et le collier n'était pas suffisant à lui seul, non plus. Il semblait déplacé, un faible rappel, une connexion ténue avec quelque chose de plus fort, ailleurs... Mon instinct de nidification avait été perverti en un désir languissant pour la sécurité et l'intimité d'un donjon, je crois bien. Je voulais revenir chez moi. J'eus presque l'impression que cette grande caverne vide qu'était notre maison m'attendait.
Ce fut plus tard, après nous être pris une douche et qu'il m'eût remis la chaîne, qu'il m'annonça la nouvelle. Le lendemain, j'allais avoir les tétons percés. Nous avions écrit ça sur la Liste, mais j'avais plutôt considéré cela comme une possibilité toute théorique, puisque j'ai les tétons à l'envers. Enfin pas tellement. Il avait causé avec une dame qui fait ce business et elle avait dit qu'il n'y avait rien qu'elle n'ait déjà vu, y compris mon problème. J'ai les oreilles percées, (trois trous à l'une, à l'autre deux) mais à l'idée d'avoir les tétons transpercés, j'avais envie de rentrer sous terre. J prenait bien soin de m'expliquer qu'il ne voulait pas que je fasse cela pour m'infliger de la souffrance, mais que plutôt, il me désirait percée comme un autre moyen de me lier à lui. Il me marquerait comme sienne, comme pour l'épilation de mes poils pubiens. Par ailleurs j'aurais droit à un anesthésique local si je le désirais.
Qu'il me rappelle ça m'aida à me calmer un peu, mais j'étais encore bien nerveuse. J'avais entendu parler de ce genre de piercing, et j'admets avoir été plus que curieuse à ce propos. J'y avais pensé à plus d'une occasion, et, de fait, c'était moi qui l'avais suggéré sur la Liste, en partie pour observer sa réaction à une chose que j'avais pensée. Mais j'étais bien nerveuse tout de même. Pour moi, les deux tétons d'un seul coup, c'était le grand saut dans l'inconnu,.
La vitrine de sa boutique dans le très célèbre (pour moi) quartier de la Mission exposait tout un tas de bijouterie, en partie faite maison, et la dame avait un petit cabinet dans l'arrière-salle, où elle officiait. Elle faisait très attention à l'hygiène, et je sus d'emblée qu'elle avait beaucoup d'expérience. Elle avait un anneau dans le nez, un autre fiché dans la lèvre inférieure, plusieurs dans chaque oreille et, disait-elle, dans nombre d'autres endroits. Vingt et quelques en tout. C'était pour le moins curieux, vous comprenez ?
Il me fallut beaucoup de self-control pour que je puisse enfin regarder, mais je voulais être sûre de savoir ce qu'elle faisait et si elle savait le faire. Elle était très douce et rassurante, en plus d'être efficace. Évidemment, mes tétons pointent vers l'extérieur même quand ils ne sont pas excités, surtout si quelqu'un tire dessus, ce qui était le cas. Puisque même les tétons normaux doivent quoi qu'il en soit être maintenus pendant la procédure, ça n'avait pas vraiment d'importance que les miens soient inversés. Ils s'érigèrent et pointèrent à leur manière, il faut dire. Je crois bien qu'ils auraient voulu rentrer sous terre.
Je lui ai demandé un anesthésique local, mais elle me répondit que ça me piquerait au moins autant que l'aiguille. Elle me dit que pour certains, l'acte de percer était en soi aussi important que les bijoux qu'ils porteraient ensuite. Certains clients laissaient délibérément leurs piercings se refermer afin de pouvoir être percés à nouveau. Elle me convainquit.
Elle avait un instrument que je n'avais jamais vu auparavant, un genre de f o r c e ps avec des fentes dans les mâchoires. Elle me maintint par les épaules et l'aiguille creuse traversa d'un seul coup ma chair et la pince. Les anneaux suivirent le trajet de l'aiguille. Elle me laissa en compagnie de J, qui me tenait la main.
Ce fut fini rapidement, sans presque aucun saignement. Quelques secondes pour chaque piercing. Ça piquait un peu, mais moins qu'une piqûre de Xylocaïne en sous-cutanée quand on enlève une verrue. En vérité, ça ne différait pas beaucoup d'avoir les oreilles percées. Ça n'avait rien de comparable avec le bâillon. Je n'avais pas de soutien-gorge, elle me posa donc des pansements. L'aspirine suffirait à éviter la douleur, me dit-elle, mais je n'en avais pas vraiment besoin. Je ne crois pas que j'aurais pu me faire ça moi-même. J'y avais songé, et je pense qu'en tant qu'infirmière diplômée j'aurais été compétente, mais rien ne remplace l'expérience.
Nous avions du temps à perdre avant d'aller à l'aéroport, et J m'amena dans un magasin spécialisé dans les accessoires bizarres et autres trucs qu'il avait déjà utilisé. Il me fit essayer des chaussures et des bottes, puis il me demanda d'aller l'attendre dans la voiture. Il portait une paire de gros sacs quand il sortit. Je me demande ce que la policière en poste à l'écran à rayons X a bien pu penser en scannant leur contenu... Elle s'est probablement dit qu'il s'agissait tout bêtement de gens du Middle West de retour d'une virée à San Francisco.
Nous avons roulé jusqu'à l'aéroport et nous avons attendu l'avion. Le vol de retour fut lui aussi sans histoires. Quand nous fûmes de retour à la maison, il était déjà bien tard, et nous sommes allés directement au lit. J'ai pris de l'aspirine pour m'aider à dormir, mais plus encore pour contrer l'effet du café que j'avais bu dans l'avion qu'à cause de mes tétons (l'aspirine me fait dormir).
Ce matin je me suis examinée. Les sparadraps étaient du genre facile à retirer, Dieu merci. Je suis un peu boursouflée, et l'enflure me fait paraître un peu déformée. Peut-être devrais-je dire déformée dans un sens différent, puisque d'avoir les tétons à l'envers n'est pas tout à fait normal. Mais au moins, avant, mes tétons étaient identiques ; maintenant ils sont enflés de façon différente, c'est ainsi que l'un d'eux dépasse de l'aréole alors que l'autre est bien moins gonflé. Ça me rend nerveuse. Je ne veux pas rester comme ça en permanence. Je peux bien attendre que ça dégonfle, ceci dit. Je cicatrise rapidement, après on verra bien... Je suppose que je pourrais toujours les enlever, le cas échéant. Je me désinfectai à nouveau et je me pommadai à la Néosporine, puis je remis des sparadraps neufs. Les anneaux sont petits et en or. Elle m'a dit qu'il étaient tout fins, mais je ne me souviens plus de leur diamètre. Elle m'a dit aussi que je pourrais facilement élargir les trous plus tard. Je ne crois pas que j'en aie l'envie. Enfin, peut-être. On verra.
J est très attentif et compatissant, ce qui me fait penser qu'il aime réellement mes tétons. Je sais que ça doit vous paraître bizarre, puisqu'il vient juste de les modifier, mais il avait toujours désiré me les décorer, attirer l'attention sur eux, et ne pas les cacher. C'est une sensation très personnelle, parce que je ne suis pas encore publiquement fière d'eux, mais si ça marchait, je crois bien que je serais fière de me montrer ainsi à J. Entre temps je pratique ma danse orientale. J'espère que les boursouflures disparaîtront bientôt.
-*-
Dimanche: J vient tout juste de me lâcher quelques nouvelles supplémentaires. Il dit qu'il va envoyer tous mes écrits à un tableau d'affichage public par ordinateur ou quelque chose dans ce goût-là. J'ignore encore comment ça marche, mais il dit que ses collègues dans le service sont accros à ça et qu'ils le lisent tous. Je remercie Dieu de m'avoir fait penser à supprimer tout ce qui aurait pu nous identifier dans cette histoire. Il a vraiment intérêt à ne pas déconner quand il dit qu'on peut tout envoyer sans que nul ne puisse savoir d'où ça vient ! Je vais devoir réviser tout le texte pour être sûre que je n'ai pas laissé traîner le moindre indice. Les fous d'ordinateurs sont plutôt malins, en général. Peut-être devrais-je dire « vous, les mecs, (et les nénettes aussi ?) vous êtes... » puisque je connais mon auditoire, maintenant. Je sais que vous n'êtes pas TOUS des crétins cramés de l'écran. Je me souviens de quelques types très chouettes qui zonaient dans la salle des ordinateurs quand j'étais étudiante. Je vis avec l'un d'entre eux, songez-y. Et il est redoutablement malin.
Et peut-être bien que je vais en profiter pour peaufiner mon style tant que j'y suis. Il m'a suggéré de standardiser mes têtes de chapitres, de façon à ce que vous sachiez d'où ça provient. J'ai aussi dû mettre une majuscule au mot 'Liste'. Je sens déjà mon pouvoir s'accroître. Mais, les gars, sachez que je n'inventerai rien. Promis. Et puis, il ne me le laisserait pas faire. Bien, bien. Un auditoire anonyme. Prenez-y bien du plaisir, tout le monde.
Lundi, de nouveau. L'enflure de mes tétons a finalement disparu. Il y eut bien une petite infection, mais la pommade à la Néosporine en vint à bout. Je suis de nouveau symétrique, mais je vais continuer à les traiter jusqu'à ce que je ne ressente plus aucune sensibilité inhabituelle en remuant les anneaux. Ce n'est probablement pas nécessaire, mais je les recouvre encore d'un sparadrap. J parvient même à transformer un simple pansement en objet sexuel. Les petits ronds ressemblant tant à des mamelons étant trop petits, il m'en fit confectionner de plus grands, circulaires, à partir de sparadrap chirurgical de couleur chair et indolore, avec un petit tampon de gaze stérile calé au milieu. Ils recouvraient entièrement mes mamelons et, de loin, on aurait dit que je n'avais pas de tétons du tout. Comme un mannequin dans un grand magasin. Un concept intéressant. Ils ne me gênent plus du tout, ceci dit.
En relisant ce récit, on dirait que la seule chose que nous fassions soit l'amour. Ce n'est pas vrai. Le sexe est peut-être le seul sujet sur lequel j'écrive, mais nous faisons plein d'autres trucs ensemble, et j'ai beaucoup à faire chaque jour quand il est au travail. Nettoyer cette abominable grange qu'est la maison, déjà. Et puis j'ai fait des rideaux pour ma chambre, désherbé les allées, des trucs normaux dans ce genre-là. Tout ça semble bien domestique, je sais, mais j'ai l'habitude d'avoir de longues journées de travail bien remplies. Je n'ai pas encore pris le pli de ne plus manger au-dessus d'un évier ou dans ma voiture. Je tourne en rond et il faut que je fasse quelque chose, donc j'ai des rideaux, OK ?
Je fais des exercices quasi-quotidiennement sur son banc de musculation dans le garage : il y a installé une glace immense pour moi ; ce coin du garage ressemble beaucoup à une mini-salle de gym moquettée. Et, bien entendu, je lis et j'écris. Et je découvre les groupes de discussion sur Internet. Ça me plaît d'avoir un canal ouvert sur le monde extérieur.
Or donc, après avoir travaillé à l'hôpital Ste Frénétique et longtemps vécu dans une grande ville, un emploi du temps paisible et douillet m'est bienvenu, et le sexe est fort puissant. Écrasant, mais dans le bon sens du terme. Quoique bonne soit pas le terme approprié. Je ne me ressens plus comme une brave fillette (c'est une perte minime). Fantastique est peut-être le mot juste, parce que je vis un fantasme. Je pourrais presque être attirée par la vie de captive à plein temps. Ou presque.
Mais notre relation maître/esclave EST à plein temps, pour l'heure. Elle n'a aucun répit, et c'est parfois exaspérant, même si j'avais demandé à ce qu'elle soit ainsi. Il n'en rajoute pas en me demandant de gratter les planchers à la paille de fer ou de faire des tâches dégradantes. Ce que j'essaye de dire, c'est qu'il ne m'utilise pas pour des besognes d'esclave pour se débarrasser de ce qu'il n'a pas envie de faire. Mais je cuisine la plupart des repas et je fais la vaisselle. Il dit qu'il s'agit un rappel permanent de mon statut (temporaire.) Son tour viendra, dit-il. Quand nous avions tous les deux un emploi du temps bien chargé, à Chicago, nous partagions les tâches ménagères à 50/50, donc ça ne me dérange pas.
Nous fîmes l'amour prudemment après mon piercing : soit j'étais sur lui en faisant très attention, soit c'était par l'arrière. Ça n'était pas vraiment nécessaire, mais J pensait que si, donc nous le fîmes. Être pénétrée par derrière est une position que nous n'avions presque jamais pratiquée, puisque je la trouve relativement insatisfaisante, mais J avait réglé ce problème. D'abord, nous l'avons essayée avec moi à quatre pattes. Il avait poussé les préliminaires à leur extrême habituel, me triturant jusqu'à ce que je ne sois plus rien d'autre qu'une pelote de terminaisons nerveuses nymphomaniaques gazouillantes et décongelées. Je me sentais comme une chienne en chaleur ; sur mes pattes et avec le collier, j'en avais tout l'air. Quand il me pénétrait, néanmoins, ce n'était toujours pas satisfaisant. Je n'arrivais tout simplement pas à jouir. Ça m'aide beaucoup pour avoir un orgasme, d'allonger les jambes et de relâcher les muscles des cuisses, or on ne peut pas le faire en étant à quatre pattes. Et puis, mon clitoris n'est pas tellement stimulé dans cette position.
Alors il testa une variante : tous deux allongés sur le côté gauche, en quelque sorte soutenus par les oreillers, en me pénétrant toujours par l'arrière. Je pouvais lever ma jambe droite et m'ouvrir par devant, de telle manière qu'il pouvait me caresser en entier (et même mes seins, très prudemment) et - très important - je le pouvais moi aussi. En fait, il me DEMANDA de me caresser pendant que nous faisions l'amour ainsi. On ne peut pas le faire dans la position du missionnaire, c'était donc nouveau pour moi. Il prit ma main dans la sienne et la guida jusqu'à mon clitoris tout en continuant à pousser par derrière.
Comme je l'ai déjà dit, j'ai des réticences à me masturber devant quelqu'un d'autre, et même devant J. Je me défiai là aussi, et je retirai ma main, mais il me susurra par dessus l'épaule, « je ne peux pas t'obliger à aimer ça, mais il y a d'autres choses que je peux t'obliger à faire. » Il guida ma main vers l'arrière. « Si tu ne... » Une menace légèrement voilée, il n'en fallut pas plus. Son contrôle, mon corps. La menace implicite du bâillon suffit, et je suis sûre que son imagination n'est pas limitée par cette sorte de gêne passagère.
Donc, je le fis. Il continuait à me caresser des deux côtés, et en plus je pouvais contrôler mon propre plaisir ; c'était presque comme si j'avais entièrement contrôlé sa façon de me faire l'amour. Je m'amenai tout près de l'orgasme et je me maintins là, alors qu'entre-temps il continuait à se plonger en moi et à me caresser par devant. C'était comme si j'avais eu quatre mains pour me caresser. Là, je me suis rendue folle, en me taquinant jusqu'à hésiter au tout dernier moment. Mes tétons se durcirent sous leurs pansements. Ils me faisaient déjà délicieusement mal à f o r c e d'excitation, mais la douleur se fit plus intense encore - presque une piqûre - , alors qu'ils s'affermissaient. Ce qui m'excita encore plus. Il faudra qu'on réessaye cette position quand ils seront cicatrisés.
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Hier, il m'a demandé de m'épiler les sourcils à la pince, afin qu'ils soient aussi fins qu'un trait de crayon. J'avais fait ça depuis la seconde jusqu'à la terminale, mais les modes passent et je les avais laissé repousser en entier... jusqu'à hier. Mais je les ai toujours préférés fins. Tout se doit d'être accepté, ces jours-ci, aussi ça ne me dérange pas. Je trouve que j'ai l'air mieux comme ça. Je laisse les gros sourcils à Brooke Shields. On dit qu'elle est très populaire en Russie. Elle leur rappelle sûrement Brejnev.
Il faut encore que je m'épile, aujourd'hui. Ça va faire la troisième ou la quatrième fois. Vous penserez que je ne fais que me plonger en moi, mais j'ai toujours aimé me travailler , que ce soit à l'aide du maquillage, de l'épilation des sourcils, du rasage des jambes, de la coiffure, des exercices physiques ou de n'importe quoi d'autre. Vous pourriez penser qu'au bout d'un certain temps j'aurais pu en avoir ma claque de toute cette maintenance, mais j'en retire une sorte de plaisir sensuel, et ce jusqu'à maintenant.
Je ne crois pas être narcissique, parce que je prends plus plaisir à l'acte physique en soi qu'à son résultat. On pourrait dire que je veux me justifier, je sais, mais l'élaboration me semble plus importante que le produit fini. Un peu comme pour un artisan qui aime son boulot. J'y passe beaucoup de temps, et j'expérimente toutes les variantes possibles dès que j'en ai l'occasion. J'ai tendance à me donner un air un peu trop artificiel - quoi qu'un peu d'artificialité puisse être attirante, il me semble. Inutile de le dire, je possède une grosse tonne de produits de maquillage expérimentaux et très entamés.
Parfois, quand les gardes de nuit à l'hôpital étaient calmes (chose rare, croyez-moi), je me suis même enlevé quelques uns de mes grains de beauté : j'anesthésiais la zone avec un tampon de Benzocaïne, puis je m'injectais de la Xylocaïne en sous-cutanée et ensuite je cramais ces petits enfoirés. Aussi nickel que chez n'importe quel dermatologue. C'est une des raisons qui font que j'ai une peau si parfaite. Je les ai presque tous eus.
Je suppose que la question se résume au fait que j'aime à me travailler, et que je ne ressens pas l'ornementation de mes seins ni mes épilations diverses comme un fardeau, mais plutôt comme un autre aspect de mon embellissement et de mon entretien personnels, un peu comme lorsque je me fais les ongles ; tant que je ne retournerai pas travailler, j'aurais plein de temps à consacrer à ce genre d'activités, alors, pourquoi ne pas en profiter ? En plus, ça me fait des choses de savoir que je m'apprête au sexe.
Il n'y a pas que de me parfaire et me polir qui me fascinent, soit dit entre nous. J'aime avoir la possibilité de modifier mon aspect. J'ai tout essayé en matière de changement : mes cheveux, mon maquillage, mon style de vêtements, tout. C'est presque compulsif chez moi : il faut que j'essaye quelque chose d'autre. Ça m'excite d'être un peu différente de moi-même, je crois. Il vaut mieux que les kits de « chirurgie esthétique à domicile » n'existent pas : sinon j'en aurais acheté un. Pour de bon. Je n'offre pas une image très saine de moi, quand je me relis.
Quand j'en eus fini avec mes exercices, je vis que le facteur m'avait laissé un reçu pour que j'aille récupérer ma machine à coudre à la poste du coin. Je l'avais faite envoyer de Chicago avant de descendre. J'irai la chercher demain. J'aurai mieux fait de passer par Chronopost.
J'aurais pu fignoler les rideaux si elle était arrivée plus tôt, mais ça me démangeait.
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Mardi. J est parti sur un nouveau genre de projet. Vous allez penser que c'est zarbi. Moi-même je le pense. Au début, je ne savais pas où il voulait en venir : hier soir il m'avait attachée à nouveau sur la table en chêne, pareil qu'avant, mais avec les jambes allongées sur le plateau, chevilles liées aux bords, avec une bâche en plastique étalée par dessous moi. Il m'avait scotché du film étirable sur le sexe, puis il m'avait enduite de vaseline depuis sous la poitrine et jusque sur les hanches. En soi, ce fut assez excitant, mais ça m'avait surtout déroutée. Puis, debout à côté de moi qui tendait le cou, il gâcha du plâtre à mouler dans un grand seau posé à terre, contre la table. J'ai pensé qu'il voulait faire un moulage de moi. J'avais à demi-raison. Mon ligotage n'avais été qu'une façon de me faire conserver toute mon attention.
Quand il eut étalé le plâtre sur mon torse lubrifié, je perçus une espèce de sensation assez plaisante, fraîche et glissante au premier abord, et qui se réchauffa ensuite lorsque le plâtre se mit à prendre. Il y avait incorporé des bandes de tissu, pour le renf o r c e r et en relier les différentes parties du plâtre quand il les rassemblerait. Lorsqu'il il le retira, il obtint une copie fidèle de la partie inférieure de mon corps. Ensuite il me libéra et me dit d'aller me laver. J'étais congédiée.
Il découpa et lima les bords du moulage pendant que je préparais le repas, et après manger il me demanda d'aller enfiler mon bonnet de bain et de venir le rejoindre au garage. Pendant que je le regardais, il recouvrit les bords du moulage de cire et il me demanda de me lever. Il m'ajusta le moulage bien en place. Naturellement, il m'allait parfaitement. Il l'attacha avec des courroies de toutes sortes, et me demanda de bien le retenir de mes mains.
Il m'enduisit les seins, le cou et les épaules de vaseline par dessus les pansements et tout le reste, et re-gâcha du plâtre. Il m'expliqua qu'il voulait que mes seins tombent naturellement pour cette partie du moulage, et qu'en conséquence il fallait que je reste debout. Le bonnet de bain était là pour retenir mes cheveux et les empêcher de tremper dans le plâtre. Il agrandit le moule déjà achevé de la partie inférieure de mon corps à partir du bord supérieur jusqu'à ce qu'il obtienne un moulage de moi depuis le haut des cuisses et jusqu'au menton. Je n'arrêtai pas de lui demander pourquoi il faisait ça, mais il me répondit simplement que je n'avais qu'à bien me creuser les méninges. Finalement, il me dit que si je n'arrêtais pas de poser des questions, il me bâillonnerait. Le moulage était déjà bien lourd, et il n'était qu'à moitié achevé.
Il découpa et lima jusqu'à ce qu'il obtienne une empreinte complète de la moitié antérieure de mon torse, et il me le remit en place. Il fallait bien se tortiller un peu pour entrer dedans, mais c'était impeccablement ajusté. Puis, retour sur la table en chêne, où il posa le moulage avec l'intérieur tourné vers le haut ; il me fit m'y mettre sur le ventre et m'installer dedans. Il me cala des oreillers sous le front et les jambes pour les soutenir, puis il me plâtra le dos en entier, de la nuque aux cuisses. Après avoir eu pris, les deux moitiés du plâtre se séparèrent impeccablement aux endroits qu'il avait enduits de cire. Le produit fini consistait en un immense et fort encombrant moulage de mon torse. Je ne comprends par pourquoi il a fait ça. Il ne m'a toujours rien expliqué. J'ignore même pourquoi il m'a demandé d'écrire là-dessus avec un tel luxe de détails. Ça n'a pas été une expérience vraiment érotique. Je lui ai dit que ç'aurait été bien plus facile avec les bandes pré-plâtrées qu'on utilise dans les hôpitaux pour les fractures. Il s'en en trouve dans toutes les bonnes pharmacies.
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Mercredi. Ma machine à coudre est arrivée. J'ai été la chercher aujourd'hui. Il m'a remis la chaîne hier soir après son retour du travail. Ça ne me dérange pas, sauf qu'en semaine, quand je ne fais pas de gym ou que je ne suis pas en ville à faire des courses, j'aime bien me mettre un des vêtements que j'ai à ma disposition (à savoir, en tout et pour tout : la robe en tricot, la culotte noire, ma tenue de gym et la tenue en coton transparent) et voilà maintenant que la robe en tricot est devenue immettable avec la chaîne en dessous. En plus, elle est trop chic pour faire du bricolage. Je peux glisser la culotte sous la ceinture et la porter par dessous si je veux, parce qu'elle se boutonne à l'entrejambe, mais ça n'est pas très confortable ; la robe et les pantalons présentent quelques problèmes de topologie si je tente de les porter sous la chaîne. Cette fois-ci, il ne m'a pas attachée pour me ressouder la chaîne.
Je savais ce qui allait se passer, donc je ne me suis pas faite de mouron. Assurément, je n'ai pas lutté contre. En fait, je lui ai même tenu le chalumeau, comme une instrumentiste en chirurgie. Si seulement il avait laissé la chaîne de l'entrejambe ouverte, j'aurais pu mettre le pantalon de la tenue blanche par dessous. La chaîne de ceinture serait ressoudée. Bon, d'accord.
Maintenant que la machine à coudre est là, je pourrais peut-être me faire quelques petites fringues. Là, j'en suis à devoir porter en permanence mon collant de gym sous des shorts et un T-shirt, et à prétendre sortir de la salle de gym. J'ai du tissu et des patrons. Je commence cet après-midi.
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Dès qu'il découvrit cela, J 'me défendit' de confectionner des vêtements sans son consentement. ( ! ) Bien entendu, il préfère que je doive porter des vêtements sexys (je n'ai que ça, sauf pour la tenue de gym). J'ai une mini-robe noire très sexy dans mes bagages et que je pourrais mettre s'il voulait bien consentir à me détacher la chaîne du bas (oui, c'est une allusion).
Je vais avoir mes règles dans pas longtemps. Il va bien falloir qu'il me l'ouvre pour ça. Je ne suis pas sûre qu'il le fasse si je le lui demandais. Après tout, ça serait par commodité plutôt que par nécessité. Je peux assumer toutes mes fonctions corporelles simplement en tirant la chaîne de ceinture vers le bas et l'autre sur le côté. Écoutez-moi bien. Les gens du Middle West ne parlent pas des fonctions corporelles ; je ne crois même pas que ma mère AIT la moindre fonction corporelle, et me voici débattant d'hygiène féminine sur un écran d'ordinateur public (pubique ?) Ou tout ce qu'on voudra. Faut que je me mette à l'ordinateur. À l'hôpital j'avais connement pris un livre de cuisine pour apprendre l'informatique sur l'ordinateur de la salle de garde. Mais j'apprendrai. Plusieurs fois déjà, j'ai voulu poster quelque chose sur ASB et je n'ai pas trop bien su comment m'y prendre.
Ceci dit, mes règles pourraient poser problème avec la chaîne. J'ai une idée qui pourrait marcher. Je l'avais mise de côté pour le jour où j'aurais vraiment besoin de lui demander quelque chose. Je vous dirais si ça marche.
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Jeudi. Bon, ça a marché, enfin à peu près. Je ne suis pas sûre si c'était une idée géniale, mais je vais la coucher par écrit, quoi qu'il en soit. Je n'ai jamais été terrible à la pratique du sexe oral. Déjà, je suis réticente (à cause d'une fusion résiduelle de moralité et d'hygiène typiquement issue du Middle West), et je n'ai jamais réussi à le lui rendre très satisfaisant. En plus je m'étrangle dès que j'en ai la moitié en bouche. Hier soir, donc, j'avais revêtu la culotte noire (par dessous la chaîne), avec une paire de talons-aiguilles noir et stricts. Je me fis aussi stéréotypiquement sexy que je le pus. Je ne pouvais pas enfiler de collants à cause de la chaîne et des bracelets à mes chevilles, alors je me suis enduite de fond de teint sur les jambes et derrière, jusqu'au ras de la culotte et j'ai poudré à m o r t par dessus afin que ma peau devienne absolument lisse et douce. J'ai cuisiné un super poulet en sauce avec un dessert et des fruits ; je lui ai fait le service. J'avais même mangé seule avant lui pour être disponible au doigt et à l'œil pendant le repas, en lui versant le vin, en amenant les plats les uns à la suite des autres, tout ce que j'avais pu faire de mieux, des bougies à l'encens en passant par des petites touches délicates comme de me frotter les seins contre lui en le servant à table.
Après quoi, la vaisselle terminée, avec lui dans le sofa auprès du feu de bois et moi à ses pieds, je pris le ton de voix artificiel bien répété qui marque toutes nos conversations maître/esclave. Comme dans un jeu de rôles.
« J, j'ai une faveur à te demander. Mais avant, je veux faire une que je n'ai jamais réussi à te faire auparavant. Il ne s'agit pas de l'un des articles de la Liste ; enfin si, mais j'ai envie aller au delà de la Liste pour toi.
« Tu sais que je ne peux pas m'empêcher de m'étrangler quand j'essaie de te prendre tout entier dans ma bouche, » poursuivis-je (trop embarrassée pour le regarder en face), « mais je crois que je pourrais en être capable avec de la patience et ton aide. » En fait, je n'avais guère besoin de d'aide pour faire ça, mais sa patience m'était essentielle.
Sans lui dire quelle était mon intention, j'ai commencé à le dévêtir. Quand il fut nu, je lui dis qu'il fallait que j'aille dans ma salle de bains pour me préparer. J'avais rempli un vieux diffuseur de parfum avec un anesthésique local dosé à vingt pour cent de benzocaïne (ce qui est beaucoup). Je m'observai dans la glace, je me détendis quelques secondes, puis j'y allais.
J'avais fait un essai hier, je savais donc que ça allait marcher. J'ignorais quand même si ça fonctionnerait suffisamment. J'aspergeai le fond de ma gorge, pendant qu'avec la bouche grande ouverte et la langue abaissée, je prononçai la voyelle magique « ii ». Bien entendu, avec la langue abaissée, ça ne fait pas un vrai « ii », mais les cordes vocales se trouvent idéalement exposées au spray, et si vous prenez soin de bien inspirer avant, que vous n'inhalez pas les vapeurs et n'avalez rien tandis que vos glandes salivaires ont passé la surmultipliée, alors l'anesthésique recouvrira le larynx suffisamment longtemps pour l'engourdir. Vous venez de prendre votre première leçon de médecine interne et d'ORL.
Après plusieurs applications, en recrachant le résidu plutôt que de l'avaler, le fond de ma gorge acquit cette sensation d'épaisseur qui accompagne d'ordinaire l'insensibilité. La bouche commençait à me picoter. Dès lors, je pus me badigeonner directement la gorge avec un coton imbibé sans déclencher de haut-le-cœur. Puis je me suis rincé la bouche afin de lui conserver toute sa sensibilité (certes, le contraire eût desservi le but).
Après mûre réflexion, je m'emparai du petit miroir. Je voulais de quoi j'avais l'air en faisant ça pour lui. Comprenez-moi: c'était très osé de ma part de ce faire. Il est la seule personne avec qui j'ai pratiqué le sexe oral (personne, pas même J, ne me l'avait jamais fait. Au cas où je ne vous l'aurais pas encore signalé, il est lui aussi du Middle West.) et je ne le lui avais fait que peu de fois, et pas bien du tout. Mon cœur n'y était pas. Je n'avais pas réussi à dépasser le fait que c'était sale, et je n'ai jamais réussi à lui procurer un orgasme de cette manière. Mais j'y travaille dur.
Quand je revins au salon pour lui dire que j'étais prête, ma voix sonnait comme celle d'une autre - ou peut-être était-ce à cause de mon excitation qu'elle me semblait différente - légèrement grave et enrouée. Non... elle était nettement différente.
Un simple attouchement de ma main et il fut prêt. Il ne savait pas du tout à quoi s'attendre, mais il se doutait d'un truc pas banal. Il se cala en arrière sur le sofa et je me mis à genoux entre ses jambes sur le tapis. Je le pris en bouche et je me mis à lui sucer le gland en tournant ma tête tout autour et en pressant ma langue presque engourdie par en dessous. À chaque battement de son cœur, je le sentais pulser s'enfler à n'en plus finir dans ma bouche.
Je coulissai plus en avant, histoire d'essayer. Quand il atteignit le fond de ma bouche, je ne m'étranglai point. Je le fis presque, mais ce fut si facilement maîtrisé que j'oubliai tout en quelques petites secondes à peine. Jusque là tout se passait bien. Je ne le ressortis que pour l'entrer plus profondément encore. Il m'appuyait fermement sur le fond de la gorge mais je me contrôlais encore ; je continuai donc ainsi pendant un moment en essayant de détendre ma gorge au maximum pour en éprouver la sensation. Il était plus gros que je l'avais souhaité, mais pas suffisamment pour que je puisse l'enfoncer plus avant encore.
Puis il parvint au fond de ma gorge, et ma respiration s'arrêta d'un coup. Je me retirai en m'étranglant légèrement, quoique par pure vanité. Il faudra que j'apprenne à coordonner ma respiration. Je repris mon souffle en plusieurs longues goulées, puis je refis une tentative. Je l'attirai plusieurs fois tout au fond de ma gorge, en essayant de la contracter autour. Il émit un petit soupir. C'était un bon signe, mais j'étais trop concentrée sur mes problèmes. Je le poussai un peu plus encore, j'avais envie d'aller encore plus au fond. Je me rendais compte qu'il désirait pousser, mais aussi qu'il se contrôlait parfaitement. Je continuai pendant quelque temps, pour m'accoutumer à la sensation. J'allais bien trop lentement pour qu'il parvienne à jouir, mais... petit à petit, etc.... J'ai même essayé de déglutir et de m'entraîner à avaler, quoi que je n'y parvins pas tout à fait. Je l'avais fait entrer tout entier ! J'exultai en secret.
J'avais appuyé le miroir contre l'accoudoir du sofa, de façon à pouvoir l'attr a p e r et me voir pendant que je l'avais en moi. Je devais maintenir ma bouche grande ouverte et il fallait que j'use de mes lèvres pour empêcher mes dents de l'érafler, ce qui me donnait une drôle d'allure, mais je n'étais pas aussi laide qu'avec ce bâillon (je ne crois pas J quand il affirme que j'ai l'air splendide avec le bâillon). Il faut dire que lorsque je l'ai tout en bouche, ma gorge est déformée : tendue et gonflée comme celle d'une grenouille en train de coasser. Ça faisait bizarre, comme si j'avais été victime d'une déficience en iode ou équivalent. On voit qu'il est là, même de l'extérieur. Sans parler de l'intérieur.
Je prolongeai l'expérience jusqu'à ce que les effets de l'anesthésique commencent à s'estomper. Ça ne dure pas longtemps. Mais même après, je pus encore le maintenir à fond dedans. Alors je continuai. C'est juste un tour de main à prendre. Mon haut-le-coeur avait l'air suffisamment sous contrôle pour que je puisse aller de l'avant, mais finalement ma gorge se sentit toute bizarre et je finis par m'arrêter avant de l'avoir fait jouir.
J était plutôt allumé, je dois dire. Au fond, je l'avais mené dans un drôle d'état, tout en ne lui offrant aucune délivrance. Je vis qu'il en souffrait presque. J'en ressentis secrètement de la puissance. Et de la fierté. J'étais ravie de moi. Il était ravi de moi, lui aussi : il reconnut que ce que je venais de faire était une sorte d'accomplissement pour moi, et les ébats amoureux qui s'ensuivirent me furent très spécialement tendres. Il semble connaître tous les bons trucs à faire au bon moment, quand il faut changer de tempo, de position, tout.
Quand je me suis levée ce matin, j'étais encore un peu enrouée, et j'ai bien peur d'avoir un peu trop f o r c é le jeu rien que pour m'attirer une compassion à laquelle je n'avais pas vraiment droit. Je crois que je pourrais retenter le coup, et peut-être même sans anesthésique. J'avais découvert que l'effet le plus bénéfique consistait à lui caresser le gland de mes lèvres, et de l'engloutir à l'occasion seulement. J dit que la bouche n'est pas faite pour se substituer au vagin, mais qu'elle n'est toutefois pas dénuée d'intérêt. Le sexe oral est merveilleux, affirme-t-il, quoique pas aussi satisfaisant que l'amour normal, face à face. Quelle que soit la façon dont on appelle ça. Je n'ai pas fait l'amour normalement depuis notre réunion, bien que nombre de fois se firent de manière frontale.
En tout cas, il me défit la chaîne. Maintenant, elle n'est plus qu'une ceinture avec un bout qui pend, et que je porte sur le côté. C'est assez joli. J'aime l'or. Le maillon soudé a l'air un peu brûlé. J'aimerai qu'il puisse être redoré. Il me dit que je n'aurais pas eu besoin de lui faire le coup de la gorge profonde pour le persuader. Il me l'aurait ouverte pour mes règles si je lui avais demandé.
-*-
Vendredi. Mes règles sont là, et nous n'aimons faire pas l'amour durant cette période. Je sais qu'il y en a qui s'en fichent, mais pas moi. Dieu merci, il m'a sorti quelques culottes des valises.
Mes tétons ne sont pas encore tout à fait guéris, mais je peux déjà voir à quoi ils vont ressembler. J'aime. Quand ils sont au repos, - à l'envers - les petits anneaux dépassent de leurs cachettes. Je n'ai encore rien montré à J. Ils m'excitent vraiment. Ça me démange de leur essayer d'autres bijoux. Des petits pendentifs ou autre. J'aurais dû en acheter à la boutique de piercing à San Francisco.
-*-
Samedi. J'ai de graves ennuis. Ou, du moins, j'en aurai quand J va lire ce qui suit. J'ai acheté des lames de scie à métaux en faisant les courses en ville hier, après notre retour de San Francisco. Je ne sais pas ce qui m'a pris, je suppose que j'ai pensé à elles comme d'une assurance - pour le cas où j'aurais vraiment besoin de me sortir de la situation. Mes sentiments oscillent entre une peur/tentation d'explorer plus profondément le bondage (au moins je peux appeler un chat un chat : bondage. Bondagebondagebondage) et un sentiment de honte pour ce que j'ai fait et ce qu'il pourrait me pousser à faire. Je suis une devenue une espèce de combinaison d'ange et de folle du Middle West, tout à la fois effarouchée et désirant foncer droit dans le lard. Enfin voilà, j'ai pensé aux lames de scie comme d'une assurance. Et d'une preuve personnelle qu'il subsiste encore en moi quelques vestiges de mon intention de résister à ce... processus. J'allais dire expérience, mais c'est bien plus qu'une expérience.
Mais j'ai décidé que J devrait les trouver tout seul.
(Je les ai cachées sous le tapis du salon,
J, derrière le grand canapé. Il y en a trois.)
Je fais cela car ne pas te trahir est plus
important pour moi qu'une assurance.
En plus, les seules fois où j'ai songé à m'évader furent quand me il fut nettement impossible de me servir d'une scie à métaux...
++++ Note Venant du Futur ++++
Ça me plombe le cœur. Je voulais démontrer à J que je lui était dévouée. C'est pour ça que je lui ai parlé des lames de scie. Et j'ai voulu lui donner un motif pour qu'il passe à l'étape suivante et qu'il me punisse. C'est la raison première pour laquelle j'avais acheté les lames. J'aurais simplement pu aller les enterrer dans les bois et il n'aurait jamais rien su. Mais je ne l'ai pas fait. J'avais hâte d'aller vers de plus grandes profondeurs sans toutefois admettre que c'était là ce que je désirais. J'ai remis de l'ordre dans mon esprit. Au moins, je sais ce que je veux.
++++ Fin de la Note ++++ ... Demain tu sauras donc, J, mais avant que tu me punisses, je veux que tu te rappelles pourquoi je t'ai raconté ça de mon plein gré : je t'aime, je suis tienne et tu fais de moi ce qu'il te plaira.
Je crois que mes tétons sont presque cicatrisés, maintenant. Je peux remuer les anneaux en y allant doucement, ils ont arrêté de suinter et les croûtes sont tombées. Un ou deux jours de pommade antibiotique en plus et ça devrait le faire.
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Dimanche. J n'a pas lu mes écrits d'hier, j'ai donc droit au sursis. J'ai été extra-bonne. Hier soir je lui ai dit que j'avais envie de me faire un vêtement vraiment sexy et de le porter rien que pour lui. Il m'a dit de fabriquer un collant intégral. Ce qu'il entend par là, c'est un body à manches longues avec collant intégré. Il sera plus facile d'en modifier un de chez [nom du magasin supprimé] que de partir de rien. Il devra être noir et me couvrir entièrement. Ses instructions furent hyper-détaillées.
Je crois que cette semaine est celle de notre stage d'artisanat. En plus du collant intégral, J me fit effectuer plusieurs séances d'essayage pour une autre chose. Je ne suis pas sûre de quoi il en retourne, mais il a pris les mesures de mes cuisses, de ma taille, des hanches, des bras et des avant-bras, de l'entrejambe, de la longueur des manches, du cou, et tout. Puis il disparut au garage, d'où j'entendis provenir des bruits de grattage et de martèlement. Et de machines. Je ne suis pas autorisée à regarder. Je pense qu'il est trop occupé pour corriger mes derniers écrit. Peut-être qu'il ne les lira pas du tout. Je souhaite qu'il se dépêche et qu'il en finisse avec son projet, ceci dit. Il m'a dit qu'il s'agissait de trois projets différents, tous en rapport avec moi. En tout cas, le banc de musculation me manque, vu qu'il est bouclé dans le garage pendant qu'il est au travail.
J'ai pratiqué religieusement ma danse orientale tous les jours. Je crois même que je deviens plutôt bonne. Je parviens onduler du ventre d'une façon terriblement intéressante, bien que ce soit bien plus sexy à voir qu'à faire. J m'a défait la chaîne pour que je puisse bouger plus librement, bien qu'elle ne fisse pas obstacle. J'en cadenasse le bout libre à la ceinture, en le laissant pendre sur le côté. C'est assez joli, comme ça. Bien entendu, je ne peux pas l'enlever, puisqu'elle est brasée (ou tout ce qu'on voudra) en permanence autour de ma taille.
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Lundi : ce matin, je suis sortie pour acheter un body noir et très fin ainsi qu'un mètre de Lycra. Le plus dur fut de trouver une paire de gants noirs qui lui soient assortis. Ils ne sont pas de la même matière, et les autres coupons de tissu que j'ai ramené sont en différentes nuances de noir. Il est étonnamment dur d'accorder les tons noirs. Je commencerai cet après-midi. Je vais être entièrement recouverte des orteils jusqu'au bout des doigts, avec une fermeture-éclair qui partira du milieu du dos pour me passer entre les jambes et remonter ensuite jusqu'au cou par le devant. Il y aura un col roulé, au sommet duquel se trouvera une autre fermeture-éclair circulaire - juste sous le menton- , qui se fixera à une cagoule sans ouverture. Et qui me couvrira entièrement la tête.
Il m'a demandé de la faire très serrée, c'est pourquoi j'ai pris une taille en dessous pour le body. Tout ce qu'il me reste à faire, c'est de raccorder les manches aux gants et à confectionner des pieds pour les ajuster aux chevilles, puis à fabriquer la cagoule.
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Mardi. Mes règles vont se terminer demain. Il n'a TOUJOURS pas lu mes dernières notes (à propos des lames de scie). En temps normal, il se met à l'ordinateur et il les corrige pendant que je fais à manger, mais là il travaille au garage tous les soirs. Parfois, il me laisse faire de la gym pendant qu'il bricole et je peux l'observer, mais je n'ai toujours pas d'idée de ce qu'il fabrique. Ça inclut du cuir, et j'ai une idée assez précise de ce pour quoi c'est fait. Je ne suis pas tout à fait nulle. Mais il y a aussi deux objets qui sont recouverts de vieux draps. L'un d'eux fait un petit mètre de long et repose sur l'établi. L'autre est posé par terre. L'odeur du cuir sur ses mains ou dans le garage est souvent très forte. Parfois, ce sont des effluves d'un genre de solvant. Mais je crois que le plâtre qu'il a fait de moi est un ratage. Je l'ai vu tout cassé dans un carton hier soir. Aujourd'hui il est posé à côté des poubelles.
J'ai eu bien du mal à parfaire le dessin de la cagoule noire. C'est assez inextricable : elle n'est pas très bien ajustée, et je ne vois pas comment la rectifier quand je la mets pour l'essayer. J m'a demandé de découper deux fentes pour les yeux... pour me les faire recoudre en fin de compte. Il m'a aussi demandé de percer deux petits trous pour les narines. Je lui ai dit que je pouvais respirer à travers le tissu, mais il a voulu que je le fasse quand même : je pourrais avoir à respirer fort. Hmmm. J'ai aussi dû sectionner les pouces des gants et les recoudre. Et il n'aime pas la façon dont le body comprime mes seins. Il veut que je confectionne des bonnets coniques comme pour un soutien-gorge. Je vais avoir l'air de Darth Madonna. Je pourrais plus faire du stop...
Comme le disait une des sorcières dans Macbeth, « Par le picotement de mes pouces, quelque chose de mauvais de cette façon viendra...[1] » N'était-ce pas aussi le titre d'un roman de ce bon Bradbury ? Un truc sur des gens transformés en monstres de foires par le patron du cirque. Le titre était 'Quelque chose de mauvais', je crois. Une bonne histoire. En voilà une autre pour vous, fans de SF et de B&D sur le Net : 'L'histoire réelle', de Stephen R. Ronaldson. Je l'ai trouvée sur une étagère ici, à la maison. Le reste de son œuvre est plutôt du genre donjons et dragons bien lourdingue, mais celle-là est à 80% B&D. Si vous le pouvez, ne le ratez pas, ainsi que Samuel Goldwyn ne le disait pas.
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Mercredi. Hier soir j'ai dit à J que mes tétons étaient tout à fait guéris et je les lui ai montrés. Ils ont parfaitement cicatrisé ; un peu sensibles encore, mais guéris. Les anneaux minuscules qui les transpercent sont à peine plus grands que les tétons eux-même. Quand ils ne sont pas érigés, seule une moitié de l'anneau dépasse des replis de mes aréoles. Il m'avait réservé une petite surprise, ce doux chéri. Il m'avait acheté une paire de petits pendants. Ils sont en or avec deux toutes petites larmes de grenat fichés au bout. Je les adore. Je me souviens les avoir vus à la boutique de San Francisco. Il me les a mis. Ils se balancent en frôlant mes aréoles dès que je bouge ; ils me font me sentir sexy et très consciente de moi. Il me dit qu'il pensait encore que les sparadraps étaient sexys, eux aussi. Hmmmm.
Puis il me passa autre chose. C'était une espèce de s a n g le en cuir de la même forme que la chaîne, mais bien plus large qu'une ceinture. Elle sentait le cuir à plein nez. Il s'agissait de cirage mêlé de graisse de phoque, me dit-il. Elle avait deux grosses boucles sur le devant, bien qu'elle n'en ait probablement besoin que d'une seule, avec une large courroie passant entre mes cuisses. Très large. L'extrémité de la courroie se relie à la ceinture, dans le dos. Il tira dessus jusqu'à ce qu'elle soit très serrée entre mes jambes. Très serrée. Je crois qu'il faisait juste un essai pour s'assurer de ma taille, car il me laissa l'enlever quelques minutes plus tard. Après, nous fîmes l'amour, et ce fut satisfaisant (trois orgasmes, comptez-les-un-deux-trois) quoique pas autant que les toutes premières fois après mon arrivée. Des fois je me demande si le bondage peut devenir ennuyeux.
Il a congé toute la semaine prochaine, et il me dit qu'il la passera entièrement avec moi.
Il est grand temps que je m'épile, une fois de plus.
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Jeudi. Il m'a relu hier soir. Mon Dieu. Qu'ai-je donc fait. Je ne l'ai jamais vu si distant. Je me demande ce qu'il va faire. Je n'ai qu'à moitié envie de savoir. Je veux dire, tout ce qu'il m'a fait jusqu'à présent a toujours été excitant. Mais je suis un peu nerveuse maintenant, rien qu'à le voir. D'ordinaire, il y a toujours des indices qui me permettent de savoir qu'il plaisante. Enfin, pas exactement qu'il plaisante, mais qu'il joue un rôle. Mais plus maintenant. Il m'a demandé de le suivre au salon, où il m'a fait soulever le tapis et lui donner les trois lames de scie. Il les a prises, puis il m'a enfermée dans ma chambre.
À l'heure du coucher, il revint pour me demander d'aller à la salle de bains et d'y faire ma toilette. Puis il reboucla ma chaîne en la tirant si fort dans le dos que huit maillons dépassèrent du cadenas. Elle était étroitement comprimée - pas réellement douloureuse, mais inconfortable - entre mes lèvres, qu'elle écartait de f o r c e . La chaîne était tendue et rigide dans ma raie ; je la sentais me tirer sur les os du bassin au niveau des hanches, qu'elle tirait durement vers le bas. À plusieurs endroits, je ne pouvais pas même glisser facilement un doigt en dessous. Il relia une autre longueur de chaîne aux maillons de mes reins, et à l'aide d'un autre cadenas il rattacha plusieurs poids en fonte provenant du banc de musculation. Une chaîne et un boulet. Il me laissa ainsi toute la nuit. Je dormis à grand-peine. Je me demande si c'est parce qu'il croit réellement que je lui fais si peu confiance que j'ai gardé ces lames de scie. Mais ce n'est pas la vraie raison.
Ce matin, il m'a détendu les chaînes, mais il m'a laissé les poids. Au moins je peux me mouvoir, mais il me faut porter les poids où que j'aille. Mais je n'ai pas fini d'en entendre parler. Il ne m'a pas dit un mot ce matin. Je vais continuer à travailler sur ma nouvelle tenue. Il ne me reste plus qu'à terminer la cagoule et à coudre la fermeture-éclair du col. Ça ne va pas être facile de travailler avec ma chaîne. Je peux bien enfiler le body par dessus, mais il me faudra la laisser dépasser par le col pendant que j'en ferais l'essayage. Avant qu'il ne relise mes dernières lignes, je lui ai demandé si je pourrais me faire une tenue de danse orientale. Il m'a dit que oui, mais je n'ai pas tout ce qu'il me faut pour pouvoir la finir. Au moins, je la commencerai. Ça lui plaira peut-être si je danse bien pour lui.
Désolée si c'est un peu décousu, mais je suis légèrement préoccupée. J'ignore ce qu'il va me faire, mais je sais que sais que la chaîne ultra-serrée n'est pas la fin du truc.
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